Le PDCI-RDA, parti cinquantenaire de la Côte d’Ivoire, s’apprête à aller dans les prochains jours, en congrès en vue de désigner celui qui va succéder à Henri Konan Bédié, le président sortant. Mais à 42 jours de ce 12e congrès, son secrétaire général, Alphonse Djédjé Mady, s’est déclaré candidat, le 21 août dernier. Henry Konan Bédié, bien que frappé par la limite d’âge, est également candidat à sa propre succession.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le PDCI-RDA, parti cinquantenaire porté sur les fonts baptismaux par feu le président Félix Houphouët- Boigny dans les années 50, vit aujourd’hui un profond malaise s’il n’est pas à la croisée des chemins.
Les raisons de ce profond malaise sont liées à une éventuelle candidature à sa propre succession, du président sortant Henry Konan Bedié. Lors du dernier conclave des secrétaires généraux du PDCI-RDA à Yamoussoukro en juillet dernier, les secrétaires généraux, venus de toutes les régions de la Côte d’Ivoire, ont souhaité reconduire le président sortant, Henry Konan Bédié. Ils l’ont invité à accepter un autre mandat à la tête du parti. Cette proposition des secrétaires généraux du parti n’a pas eu l’adhésion de certains cadres du parti qui estiment que le président Bédié devrait se conformer aux textes dont le parti s’est doté et par conséquent, ne plus se présenter à la présidence du parti. Il faut signaler qu’au sein du parti cinquantenaire, il existe deux camps farouchement opposés. L’un milite pour la candidature de Henry Konan Bédié, président sortant, et l’autre, celui de Kouadio Konan Bertin dit KKB, président national de la JPDCI (Jeunesse du PDCI).
Parmi ceux qui s’agitent, il y a ces jeunes loups aux dents longues
Pour le poste de secrétaire général du parti, Alphonse Djédjé Mady vient de s’afficher publiquement. C’est dire si le parti est traversé par des courants, laquelle situation confine à un conflit générationnel. De fait, parmi ceux qui s’agitent, il y a ces jeunes loups aux dents longues, qui estiment que le temps est venu pour eux aussi d’avoir leur place au soleil, quitte à bousculer un certain ordre établi. Et pour ne pas arranger les choses, le président Henry Konan Bédié, président du parti, travaillant au renforcement du RHDP (Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et pour la paix), sans le dire publiquement, n’a pas l’intention d’engager son parti, au cas où il serait réélu à la présidence du parti, dans la course à l’élection présidentielle de 2015 et ce, conformément au jeu des alliances PDCI-RDA et RDR, le parti d’où est issu le président Ouattara.
Cette position de Bédié n’est pas du goût de l’autre camp que dirige depuis lors KKB, aidé en cela par des cadres du parti et des élus. On peut comprendre que ceux qui s’agitent craignent que l’absence du PDCI-RDA à la compétition électorale tue à petit feu la plus ancienne des formations politiques de Côte d’Ivoire, et porte un coup à son image de grand parti.
Mais après tout, tout ce rififi est quelque part le signe d’une vitalité démocratique interne et la preuve d’une certaine liberté de ton au sein de la formation. Cela dit, l’attitude et le personnage de Djédjé Mady méritent qu’on s’y attarde.
Certains militants, depuis longtemps, reprochaient à leur secrétaire général de ne pas jouer franc jeu avec leur président, de baigner dans le clair-obscur. Ils sont même allés plus loin en déclarant qu’ils prenaient fait et cause pour Kouadio Konan Bertin (KKB) dans cette guéguerre contre le président Bédié. Aujourd’hui, l’homme donne raison à ceux qui le pourfendaient. Djédjé Mady a fait tomber son masque, même s’il affirme que sa candidature n’est pas contre celle de son aîné Henry Konan Bédié.
Pour lui il est inconcevable sinon impensable que le PDCI, parti cinquantenaire ne puisse pas présenter un candidat à l’élection présidentielle de 2015. Il suggère que le président Bédié prenne la sage décision de se retirer de la tête du parti afin que les militants, par reconnaissance pour les services rendus au parti, lui décernent le titre de président d’honneur.
Cette sortie du secrétaire général du parti ne va-t-elle pas créer plus de discorde au sein du parti et, au-delà, entre le parti et son allié, le RDR ? En tout cas, Henri Konan Bédié n’a pas droit à l’erreur. Du destin du parti dépend la direction que viendra à prendre le navire PDCI.
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