« Happy birthday to you mister president! » Ce refrain, beaucoup de Zimbabwéens l’ont entonné hier 21 février 2012 pour souhaiter un joyeux anniversaire à leur président Robert Gabriel Mugabe.
En effet, celui que l’on surnomme Bob ou encore « Old man » (vieil homme) a soufflé ses 88 bougies hier. Oui, Mugabe a 88 ans et toutes ses dents comme on le dit en pareille circonstance. Etant chef de l’Etat depuis 1980, année de l’indépendance du Zimbabwe, soit 32 ans de bail ininterrompu, un tel anniversaire ne passe pas inaperçu. Au Zimbabwe, l’anniversaire de la naissance du héros de l’indépendance fait partie intégrante des grands événements nationaux. Et comme tel, il est célébré avec tout le faste, malgré la crise.
A l’occasion, le pays fait la « Une » de l’actualité internationale sous l’angle du nombre d’invités et des couverts, de la taille du gâteau d’anniversaire, bref, de la débauche de moyens financiers. Les chiffres donnent souvent le tournis comme par exemple en 2007, à l’occasion du 83e anniversaire, du « président-fondateur » pour lequel tout un stade a été réquisitionné pour accueillir 20 000 convives ou encore la commande de 2 000 bouteilles de champagne en 2009 pour les 85 ans de papy Bob. Mais Mugabe, ce n’est pas seulement les anniversaires fastueux. C’est aussi une boulimie du pouvoir. A cet âge, beaucoup de personnes, quel que soit leur statut, chefs d’Etat ou simples citoyens, sont à la retraite (ou y songent pour celles qui trainent un peu le pas).
« Old man », lui, se sent toujours d’attaque pour assumer les charges de sa fonction. Déjà, il s’est fait investir candidat de son parti, la ZANU-PF, à l’élection présidentielle qui a lieu, en principe, cette année 2012. Il a aussi pris soin de mettre en garde contre une révision de la Constitution pour le faire partir. Toute chose qui fait craindre pour la mouture d’une nouvelle constitution en élaboration préconisant, par exemple, la limitation du mandat présidentiel à 10 ans à raison de deux mandats consécutifs de 5 ans. Il suffira de faire cas de rétroactivité pour faire braquer le président octogénaire qui, visiblement, rêve de mourir au pouvoir.
Lequel pouvoir a failli lui échapper en 2008 avec la grave crise postélectorale qui lui vaut aujourd’hui de composer avec son principal opposant et pire ennemi, Morgan Tsvangirai, nommé Premier ministre du gouvernement d’union nationale. La bourrasque passée, il s’est remis en selle et sa soif du pouvoir est restée intacte. N’en déplaise aux Occidentaux notamment les Britanniques, anciens colons, c’est Mugabe for ever même si le pays pâtit plus de son long règne qu’il n’en profite. Malgré tout, et en dehors d’une résignation qui ne dit pas son nom, Mugabe semble toujours faire l’affaire de ses concitoyens. Il faut dire que « mister president » sait aussi surfer sur la vague populiste, nationaliste et impérialiste consistant à tout mettre sur le dos des anciens colons pour expliquer les difficiles conditions de vie de la majorité des Zimbabwéens.
Il a su mettre dans la tête de bon nombre de ses concitoyens qu’il est l’homme providentiel, celui qui a risqué sa vie pour faire partir le colon et qui fait tout pour le faire partir du pouvoir pour se venger. Une perspective qui ne manque pas d’effrayer de simples citoyens qui, en réaction, font bloc derrière le héros de l’indépendance. Tant qu’il en sera ainsi, Mugabe a toutes les chances de rester au pouvoir ad vitam aeternam.
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