Portrait : Henriette Dagri-Diabaté, le leadership féminin à toutes épreuves

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Abidjan, 20 mai(AIP)-Première femme docteur d’Etat ès Lettres(Histoire), première femme ministre d’Etat, première femme présidente d’Institution, première femme leader politique et secrétaire général d’un parti significatif en Côte d’Ivoire. Sans aucun doute la seule, à ce jour, en Côte d’Ivoire et, certainement sur le continent africain, à avoir permis à sa formation d’accéder au pouvoir. Cela, l’on l’oublie aussi assez souvent !

Cuirassée de savoir et maniaque de rigueur, mis au service d’un savoir-faire reconnu, cette universitaire de haut rang, titulaire de la chaire d’Histoire médiévale, et doyenne honoraire de la faculté des Lettres, Arts et Sciences humaines des universités de Côte d’Ivoire, affectionne le challenge. Sa thèse de doctorat de troisième cycle, communié en thèse d’Etat ainsi que la qualité de ses travaux de recherche en portent-ils manifestement la marque.

 Un colloque international vient de lui être consacré; il a pour thème: « Henriette Dagri-Diabaté et le leadership féminin: histoire et actualité », et il a réuni un aéropage d’universitaires, scientifiques, hommes de lettres, journalistes, écrivains et hauts fonctionnaires d’administration publique ou privée.

A plusieurs reprises ministre du gouvernement ivoirien, Henriette Dagri-Diabaté est à l’origine de la création de Grafolies, un festival des arts scripturaux, mis en place pour combler le vide désormais créé par le festival des arts de Dakar, Dak’ Art, du marché des arts et du spectacle africain (MASA), ainsi que la Maison de la Culture d’Abidjan, baptisée « Palais de la Culture Bernard B. Dadié », du nom de l’un des premiers écrivains à succès ivoirien.

Esprit brillant mis au service du leadership féminin, à toutes épreuves, Henriette Diabaté démocratise, au mérite comme à l’équité, la Grande Chancellerie de l’Ordre national de la République de Côte d’Ivoire, une institution livrée, ces dix dernières années, à l’instar d’autres, à l’aventure et au clientélisme politique, et qu’elle s’emploie, aujourd’hui, à rapprocher de n’importe quel citoyen ivoirien pour le prestige de la Côte d’Ivoire.

Ayant vécu à l’ombre d’un époux prévenant, banquier bien connu, aujourd’hui disparu(le Ministre d’Etat Lamine Diabaté), l’illustre Henriette Dagri-Diabaté-ce n’est point présomptueux !- est, avec Félix Houphouët-Boigny, Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara, les personnalités publiques les plus fascinantes de la Côte d’Ivoire du XXè siècle. Mais d’Henriette Diabaté, les ivoiriens se souviendront longtemps encore de la grève de la faim qu’elle entama pour protester contre le pouvoir qui voulait l’empêcher de rejoindre son époux malade en France.

                                        

                                                 Toujours au servir des autres…

Personnage simple et d’une grande humilité, l’ex-égérie du RDR fascine, tant et si bien que les sympathisants et militants du RDR l’appellent affectueusement « Tantie ». Echangeant, un jour, sur la richesse et l’immensité de son fonds bibliographique, chez elle à Jacqueville, elle confia : « Bien qu’étant universitaire, je n’ai pas le niveau d’érudition de Lamine (sic !) ». Quelle humilité! Et pourtant, il est une lapalissade de dire qu’Henriette Dagri-Diabaté figure parmi les hommes de culture et savants que la Côte d’Ivoire et l’Afrique comptent de plus représentatifs.

Au plan de l’engagement, Henriette Rose Dagri-Diabaté, qui n’en est pas moins personnage de caractère et de conviction, construit par des qualités de tacticienne insoupçonnées, comme Olympe de Gouges*, n’a pas attendu que sonne le tocsin de la déclaration des droits des femmes, de leur émancipation et du leadership féminin, pour prendre conscience son parti. Ce qu’elle prouve en intelligence et en détermination.

D’aucuns estiment même que l’avènement d’Alassane Ouattara sur le magistère ivoirien, en qualité de quatrième Président de la République, et chef de l’Etat de Côte d’Ivoire, par le rôle qu’elle y a joué, de nombreuses années durant, la persévérance, l’opiniâtreté, la loyauté et la croyance en des valeurs d’équité et de justice dont il fit preuve également, peut être considéré, à juste raison, comme son œuvre, son triomphe personnel.

Humaniste, à souhait, elle a toujours créé de la vie autour d’elle, et partout où elle se trouve. C’est ainsi que, emprisonnée après avoir été condamnée à 24 mois en octobre 1999, pour « incitation à la violence », à l’époque, et vivant dans des conditions difficiles, HDD trouve, malgré tout, les ressources morales, psychologiques et spirituelles pour distiller l’espérance et la tolérance, même pour cet Autre qui tente de l’avilir, l’amener à se renier.

Elle fait partager sa croyance en la vie et en l’Homme avec les autres codétenus, et occupe son temps à agrémenter un peu plus leur séjour, repeignant cellules, distribuant nourriture fournie par les proches et amis, branchant des ventilateurs pour contenir la chaleur suffocante. Elle initie, pour le maintien et le confort psychologiques, des séances de gym pour les codétenus. HDD fait même accélérer les procédures de jugement pour les oubliés des services de… justice.

Du haut de son pedigree, éclairé par ses 78 lunes chantantes, charpentées par un squelette d’éternelle ingénue, le Professeur Henriette Rose Dagri-Diabaté, mère de cinq enfants, trois garçons et deux filles, et qui a toujours été au service des autres, continuera, comme quoi, de fasciner.

Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas! Henriette Dagri-Diabaté, de son petit prénom Ansrè, est, à ce jour, le Grand Chancelier de l’Ordre National de Côte d’Ivoire qui a le plus favorisé les journalistes et les professionnels des médias à la reconnaissance nationale en décorant les plus méritants d’entre eux. Privilège jusque-là réservé qu’à des « élus de Dieu » !

Au demeurant, pour tous actes ou actions en faveur de la promotion humaine, la tolérance, la compréhension universelle, le rapprochement des hommes et, surtout, le leadership féminin, elle, qu’un prix pour l’éducation et la culture va immortaliser, mériterait une nomination au prix Nobel de la paix. Et ce ne serait point exagérer !

*Marie Gouze(dite Olympe de Gouges), femme de lettres et révolutionnaire française, née à Montauban en 1748 ou 1755, réclama l’émancipation des femmes dans une déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.  Elle fut tuée, à Paris, en 1793, guillotinée pour avoir pris la défense de Louis XVI.

 

 

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