Longtemps annoncée, souvent repoussée, l’élection présidentielle censée mettre fin à près de cinq ans de crise politique et économique pour Madagascar s’est effectivement tenue le vendredi 25 octobre dernier avec quelque 7,8 millions d’électeurs appelés aux urnes pour une population estimée à 22 millions. Une présidentielle qui, quoi qu’on dise, reste un premier pas de sortie de crise dans laquelle la Grande-Ile, mise au ban des nations, est plongée depuis le renversement du président Marc Ravalomanana par Andry Rajoelina en 2009.
Le scrutin de vendredi dernier, qui a compté 33 candidats sur la ligne de départ, s’est plutôt bien déroulé, malgré quelques incidents isolés et des difficultés matérielles finalement moins importantes selon les observateurs étrangers. Avec un taux de participation de 55,56%, hier dimanche, à 48 heures de la fermeture des bureaux de vote, les résultats arrivaient au siège de la Commission électorale nationale indépendante pour la transition (CENIT) au compte-gouttes. Et selon les tendances publiées par l’organe de supervision électoral, Jean Louis Robinson, le candidat par procuration de Marc Ravalomanana, serait pour l’instant en tête avec 26,03% des voix, contre 15,11% pour Hery Rajaonarimampianina, que l’on dit être le porte –voix d’Andry Rajolina. Quant à Camille Vital, il aurait pour l’heure, 10,17% contre, 8,66% pour Roland Ratsiraka, 8,55% pour Hajo Andrianainarivelo et 5,22% pour Pierrot Rajaonarivelo. Si cette tendance se confirmait, on pourrait parler sans risque de se tromper de bataille des seconds couteaux.
En effet, sauf donc retournement de situation, les deux candidats soutenus respectivement par l’ancien président Marc Ravalomanana et par son rival, Andry Rajolina, devraient s’affronter au second tour de cette présidentielle prévu pour se tenir le 20 décembre prochain. C’est donc par poulains interposés que les deux adversaires irréductibles de la scène politique malgache pourraient en découdre dans les urnes.
Ainsi dit, si le président sortant et son prédécesseur n’ont pu faire acte de candidature pour cette présidentielle. Qu’à cela ne tienne, ils ont trouvé leurs candidats par procuration, leur faire-valoir : Hery et Robinson qui, tous deux, portent des lunettes d’intellectuels de premier rang, une étiquette de candidat de substitution et un relatif statut de favori. Pour les analystes du landernau politique de ce pays, l’autre particularité que partagent Robinson Jean-Louis et Hery Rajaonarimampianina, c’est qu’il y a à peine trois mois, aucun Malgache n’aurait parié un ariary (1) sur leurs chances d’être élus à la magistrature suprême, car étaient rares ceux qui connaissaient leur existence. Ainsi donc, Ravalomanana a jeté son dévolu sur un médecin métis franco-sino-malgache de 61 ans réputé rigoureux, qui fut son ministre de la Santé puis de la Jeunesse durant cinq ans. Quant à Hery qui passe pour être la marionnette d’Andry, c’est un expert-comptable de 55 ans issu de la haute société merina, protestant et franc-maçon que l’on dit être novice en politique. C’est bel et bien lui que Rajoelina a décidé de soutenir. Nommé ministre des Finances en 2009, il a gagné la confiance du président de la transition au fil des ans et jouit d’une bonne réputation auprès des chancelleries étrangères et disposerait de grands moyens pour sa campagne.
Pour l’heure, ce ne sont que des supputations, mais si ces tendances se confirmaient comme nous l’avons déjà dit, le risque est grand de voir l’indécent scénario joué par Poutine et Medvedev en Russie être repris dans la Grande-Ile. Et là on pourrait dire que Madagascar n’est toujours pas sortie de l’auberge.
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