Les Oubliés De La République. Acte 10. Fin

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‘’Le succès n’est pas final, l’échec n’est pas fatal : c’est le courage de continuer qui compte’’

Toute séparation est douloureuse et a son lot de mélancolies. Comme annoncé la semaine dernière, la série intitulée: Les Oubliés de la République, tire aujourd’hui sa révérence après plusieurs semaines d’hésitation, d’embarra dans le choix des acteurs, de lendemains incertains pour une hypothétique suite favorable à toutes ces mains tendues, toutes ces langues déchirées par le son strident des appels au secours !

Des lendemains incertains pour ces cris de douleurs, émis depuis l’autel de l’histoire, notre histoire récente, marquée par des pulsions internes, qui hélas, laisseront à jamais des marques indélébiles sur les cœurs qui se sont vidés de leur sang au nom de la république.

La douleur de la séparation dans une symphonie inachevée. J’aurais été le plus heureux de la planète si au file des semaines, au fur et à mesure que la série étalait sa toile, si des oreilles attentives avaient écouté et surtout été sensibles aux cris de détresse de tous ceux qui ont mérité de la nation, en versant de leur sueur pour sa rédemption. Si les pleurs de ceux qui ont été essorés de leur sang, pour que nous les vivants soyons à notre aise aujourd’hui  dans le cheminement de la Côte d’ivoire vers sa destinée ; une destinée (de guerre lasse) qui offre désormais plus de visibilité et de quiétude.

J’aurais été parmi les plus heureux de la terre si j’avais lu dans la presse locale que le Chef de l’état Alassane Ouattara avait reçu ou appelé un ou plusieurs oubliés de la république pour les écouter… Comme je l’ai dit précédemment, allons-nous continuer de dire et soutenir que la Premier Magistrat de la République ignore tout ce qui se dit et tout ce qui est relaté dans les journaux ? allons nous continuer d’indexer indéfiniment les collaborateurs, rien que les collaborateurs du Président même si je me souviens encore d’un conseil liturgique de nos ainés au début des années 90 à la télévision ivoirienne : ‘’ Jeunes gens, vous entamez votre carrière, une belle carrière en perspective…Vous êtes enthousiastes, fougueux; dites tout, écrivez tout, mais ne touchez jamais à un seul cheveu du Président Félix Houphouët Boigny et ne parlez pas du binôme Café Cacao, si vous voulez aller loin dans le métier…’’

Ces conseils retentissent encore aujourd’hui chaque fois que je dois prendre une plume ou un microphone. Alors tâchons de tourner mille fois notre langue avant de nous adresser au Président de la République. Le ciel ne nous tombera pas dessus, si nous savons avec respect et circonspection attirer l’attention du Président Alassane Ouattara sur certains faits cruciaux de la nation ; un Président qui, au demeurant, a vu des vertes et des pas murs dans sa conquête pacifique du pouvoir d’état, malgré tous les obstacles qui lui ont été tendus artificiellement sur son chemin.

‘’Si tu peux conserver ton courage et ta tête quand tous les autres les perdront, alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire seront à tous jamais tes esclaves soumis, et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire. Tu seras un homme, mon fils’’ ( Rudyard Kipling (1910).

Le Président Alassane Ouattara a certainement fait sien ce précieux conseil du poète anglais Rudyard Kipling. A la tête de la Côte d’ivoire, il sait plus que quiconque: que’ ’’tout flatteur vit au dépens de celui qui l’écoute ‘’. Il sait qu’il a besoin d’entendre d’autres sons de cloches que ceux émis depuis le palais !

Est il au courant de l’existence de cette série ‘’les oubliés de la république’’ ?  Ce serait prétentieux et irrévérencieux de l’affirmer. Je ne crois pas  que le chef de l’état soit au courant des appels à la justice et la reconnaissance émis par nombre de ses compatriotes! Vu ses lourdes charges, ce n’est pas évident qu’il lise en personne, tous les articles publiés dans la presse locale et étrangère. Certes il lit beaucoup, mais si des extraits de le série ‘les oubliés de la république’’ ne sont pas sélectionnés et mis dans sa corbeille de presse (revue de presse), il ne faut pas se faire d’illusion. Mais comme les écrits sont cimentés dans du marbre pour l’éternité, il faut espérer qu’un jour, il s’appropriera tous les 10 actes de la série.

En attendant ces lendemains plus retentissants qui permettront à la série de franchir le seuil des pavillons du palais, le 10 è acte du feuilleton (le dernier du genre) va justement s’atteler à faire la rétrospective des temps forts qui l’ont emailés.

Ouverture de rideau !

Plaidoyer pour le général Alain Mouandou.

‘’ On dit que tu es alassaniste….’’Avec calme et sérénité le général Alain Mouandou anciennement Directeur Général de la Police nationale, répond : ‘’Je crois que vous vous trompez d’appréciation : je ne suis pas alassaniste, mais c’est moi-même Alassane Ouattara, son sang coule dans mes veines’’. Il n’en fallait pas davantage pour qu’il soit conduit à la DST sous le régime Gbagbo. Il va séjourner à deux reprises, durant 45 jours (pour chaque passage) à la Direction de la Surveillance du Territoire (DST). Il y sera chaque fois torturé. Le Général Alain Mouandou, est là sans récrimination et sans haine, mais à ce jour toutes les portes lui sont fermées. Il ne demande pas de faveur, Alain Mouandou ne souhaite qu’être reconnu dans ses droits de Général avec un garde de corps et un véhicule… Surtout que certains de ses coreligionnaires de grades ont reçu ces avantages réglementaires et officiels.

Depuis la publication de l’article Alain Moundou a-t-il obtenu satisfaction ? A ma connaissance, non. Pourtant de tous les cas traités dans la série, à mon avis, c’est le plus simple qui aurait pu trouver solution rapidement ; s’il n-y a pas des raisons que j’ignore. ‘’Le général’’ ne demande qu’à être rétabli dans ses droits ; hélas il devra encore patienter….

Le petit Cissé Yacouba, Première victime du charnier de Yopougon.

Dans leur élan de vérification macabre, les soldats envoyés par Laurent Gbagbo étaient aux aguets ; toute personne  qui relevait la tête, ‘’était immédiatement criblée de balles’’…‘’Yacouba Cissé a été retrouvé au petit matin du 27 octobre 2000,  sur le charnier de Yopougon entrain de pleurer, assis sur un tas de cadavres. Il est mort de ses blessures quelques heures après. Et d’après une autopsie…, on aurait extrait  dix balles de son corps. Yacouba avait 14 ans.’’

Si le petit Cissé avait vécu, il aurait eu aujourd’hui : 27 ans. Ayant appris un métier, ou fait de bonnes études, il serait peut être marié et aurait été la fierté de sa famille. Mais de là où il se trouve outre tombe, après avoir offert son sang innocent et sa vie à la république, ses parents et toute la Côte d’ivoire doivent continuer d’être fiers de ce jeune martyr arraché aux siens dans la fleur de l’âge.

Nous avons ‘’laissé les morts enterrer leurs morts’’, et nous les vivants qu’avons nous fait pour soutenir les familles éplorées comme celle du petit Cissé ? Rien, sinon pas grand-chose ! Dans la douleur, c’est l’oubli qui est le 2 è assassin des sacrifiés de la république. Nous n’avons pas le droit d’oublier le petit Cissé; puisse son âme continuer de reposer en paix.

A son père le Doyen Cissé, revenu nouvellement du pèlerinage à la Mecque, nous lui adressons toute la compassion de la série et nous lui disons ’ i dansé, i fô, i fô bi, i fô sini, ifô lombè (bienvenu, bon retour….Condoléances aujourd’hui, condoléances demain, condoléances à jamais en langue malinké).

2ème tour de la Présidentielle 2010. Après avoir reçu une balle, elle perd ses attributs de femme

De tous les cas évoqués dans la série, celui de Diaby Djénéba est dramatique et a donné la chair de poule à plus d’un et suscité un sentiment de révolte chez les uns et la pitié chez les autres.

A 40 ans à peine, elle ne peut pas pour l’instant, avoir de rapports sexuels, comme toute jeune femme de son âge. Diaby Djénéba est ménopausée prématurément. Ses jambes sont ‘’collées’’ à cause d’une balle assassine qu’elle a reçue au 2è tour de la Présidentielle de 2010, alors qu’elle représentait le candidat du RHDP dans un bureau de vote dans la région de Daloa.

‘’ ….Aux environs de 17 H 30, une cohorte d’hommes en armes habillés en treillis noirs, fait irruption dans le bureau de vote et nous intime l’ordre de remettre immédiatement les documents électoraux… Nous nous opposons à cette tentative d’intimidation. C’est l’erreur qu’il ne fallait pas commettre. Des coups de feux partent et malheureusement je reçois, une balle, (pardonnez-moi) dans les fesses et soudain tout devient noir et je perds connaissance…A mon réveil aux environs de 21 Heures, je suis au plus mal, et je constate que j’ai été violée ; si je n’étais pas une croyante, j’aurais aimé que Dieu m’emporta définitivement ce jour là; car je n’étais plus une femme, je n’étais plus rien…’’

J’ai eu Diaby Djénéba au téléphone ce dimanche matin, 17 novembre 2013. Depuis un moment, je prends des nouvelles de cette jeune femme dont le cas m’attriste à plus d’un titre. Ce qu’elle m’a dit ce dimanche là, m’a davantage bouleversé. Mlle Diaby Djénéba m’a fait l’amitié au nom de la fraternité africaine, de m’attribuer le titre de ‘’ Père Spirituel’’; un honneur et une marque de confiance dont je mesure pleinement toute la portée‘’’. Une espérance placée dans ma plume afin qu’elle retrouve un jour le sourire de vie, car selon les médecins, l’espoir est encore permis pour elle. ‘’ Mon père spirituel (me dit- elle au téléphone), après l’article, personne, personne parmi les personnalités du pays ne m’a contacté pour me dire, ne serait ce  ‘’yako’’…j’exprime tous mes sentiments de reconnaissance au RFR (Rassemblement des Femmes Républicaines) d’Abobo), surtout à  Fanta Keita Kourouma qui continue de m’aider de sa poche en achetant mes médicaments. Je prévois des actions publiques les jours et mois à venir car je n’en peux plus…’’.

Ce que nous venons tous de lire est choquant, révoltant. Mlle Diaby Djénéba a bien représenté le candidat Alassane Ouattara dans un bureau à la présidentielle de 20010. Certes elle voulait accomplir cette mission avec dévouement, et sans contrepartie; croyant en l’avenir de la Côte d’ivoire, stable, paisible, où il fait bon vivre. Une Côte d’ivoire qu’elle voulait radieuse avec son mentor Alassane Ouattara aux commandes.

C’est bien en accomplissant cette noble mission qu’elle est malheureusement paralysée à vie si rien n’est fait d’ici là pour la sortir de ce bourbier. Elle est démunie, elle a perdu son emploi et ne peut même pas s’abaisser pour ramasser une pièce de 100 f  (si on la lui jette au sol). Et pourtant c’est bien son candidat Alassanne Ouattara qui a gagné dans les urnes la Présidentielle de 2010. ADO est bien à la tête de la république de Côte d’ivoire. Pendant ce temps depuis 3 ans, Diaby Djénéba continue sa décente aux enfers sans bouée de sauvetage tendue par des gouvernants actuels, encore moins le RHDP et le RDR; une coalition politique pour laquelle elle s’est sacrifiée.  Non, non, non, mille fois non. Certes le métier de journaliste ne s’accommode pas d’émotions dans la rédaction des articles, mais le cas ci, est inacceptable et révoltant. Qu’il me soit permis ici et maintenant de lancer un SOS pour Diaby Djénéba. Nous n’avons pas le droit d’être indifférentsComme le dirait l’artiste poète, maître de la parole Bomou Mamadou: Né lô ! J’ajouterai: A nougou lô. Nous sommes tous responsables de cet égoïsme apocalyptique. Nous devons tous agir ici et maintenant par humanisme !

‘’’ A toi Diaby Djénéba ma fille spirituelle, approprie toi cette pensée de Winston Churchill  que j’ai rappelée la semaine dernière à tous les oubliés de la république: ‘’Jamais, jamais, jamais, n’abandonnez jamais.’’

Le cas du comédien Camara H

Il faut rendre à César ce qui est à Cesar. La reconnaissance de la série à Amadou Soumahoro Secrétaire Général par intérim du RDR. Si je n’ai pas la prétention d’affirmer sans preuve que c’est suite à l’article publié dans le cadre de cette série les oubliés de la république sur le comédien Camara H , lâchement assassiné en 2003, que le SG du RDR a accordé une audience à la famille de Camara ‘’H’’ en revanche, il faut se féliciter et s’en réjouir…

Fort heureusement, c’est bien après la parution de notre article sur l’après‘’H’’ que la famille du disparu a été reçue par le Premier Responsable du Rassemblement des républicains, le Ministre Amadou Soumahoro qui a pris l’engagement au nom du parti politique qu’il dirige, de porter une attention soutenue à la famille de Camara ‘’H’’.

A tous les oubliés de la république (même au terme de la série), si une personnalité du pays ou d’ailleurs vous reçoit, pour vous exprimer sa compassion, veuillez nous tenir informer avant ou après l’audience afin que toute l’équipe de la série s’associe à vous, pour dire merci à cette oreille attentive. C’est bien cela le sens de notre combat à tous!

’La victoire a plusieurs papas et la défaite est orpheline’’ disait John Fitzgerald Kennedy. Il n’est pas question pour nous de nous attribuer une quelconque victoire, cela nous dévierait de notre mission de servir la nation et de notre action citoyenne. Au demeurant, ‘’on ne se bat au chevet de d’une mère malade’’. Que la république soit reconnaissante à l’endroit de ses martyr et vis-à-vis de ceux qui méritent cette reconnaissance à titre costume (et non posthume).C’est le plus important !

Pour l’heure, contentons nous du seul œil qui reste à S. Soulymane devenu borgne pendant la crise postélectorale par le geste délibéré d’un agent de police de la BAE (selon la victime) qui lui aurait arraché un œil.  S. Soulymane ne demande que justice car selon ses dires, cet agent de police indélicat en fonction à Bouaké, vaque tranquillement à ses occupations sans être inquiété encore moins entendu par la justice. S. Soulymane garde malgré tout espoir et fait confiance en la justice de son pays.

Conclusion Générale

Les grandes douleurs dit-on, sont muettes. Puisqu’il faut se quitter et surtout savoir se quitter, à tous les oubliés de la république connus ou encore anonymes, à tous les  fidèles lecteurs de la série, je dirai ceci: j’ai longtemps fouillé, pendant des années, j’ai fouiné dans les écris, les pensées, dans les discours….je n’ai jamais trouvé meilleures expressions pour exprimer la reconnaissance.

Depuis des décennies, en pareille circonstance j’ai toujours recours à la sagesse africaine en citant  Amadou Hampatéba: ‘’ Quelle que soit la nature du bien fait à une personne, il ya un seul mot pour exprimer la reconnaissance, inspiré par la libéralité, ce mot, c’est merci.’’ Ce fut un plaisir pour moi d’être la voix des sans voix.

N’oublions jamais cette satire de Nicolas Boileau:  »Hâtez-vous lentement et sans perdre courage, vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage’’ A très bientôt peut être, pour d’autres aventures littéraires, journalistiques, pathétiques et époustouflantes !

Journaliste-Ecrivain.

Militant des Droits de l’Homme

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