Libération Des Pro-Gbagbo, Retour Des Exilés : Ouattara Cède Tout Au Fpi

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La magnanimité du président Ouattara à l’égard des partisans de Laurent Gbagbo soupçonnés de faits graves donne l’impression que le pouvoir veut sacrifier la justice sur l’autel de la réconciliation.

Heureux le Fpi, car il a en face de lui un président de la République magnanime qui accepte tous ses caprices. La formation créée par Laurent Gbagbo peut se bomber la poitrine pour avoir fait plier le régime du président Ouattara sur ses exigences. Tous les préalables posés par le parti dirigé par Pascal Affi N’Guessan sont en voie de résolution à une vitesse d’exécution qui surprend plus d’un. Le parti à la rose a exigé le retour sans condition de leurs membres exilés dans les pays voisins, la libération des prisonniers détenus dans les prisons du pays, le dégel des avoirs des refondateurs, la fin des poursuites judiciaires lancées contre les pro-Gbagbo etc. Loin de provoquer l’ire du père de la « Solution », toutes ces revendications ont été acquiescées par Ouattara qui prend ainsi à contrepied partenaires et adversaires. Des barons du Fpi, sous le coup de mandat d’arrêt, sont rentrés au pays tambour battant. C’est le cas de Marcel Gossio, ancien patron du Port autonome d’Abidjan (Paa), qui a mis fin à son exil marocain accueilli par un membre du gouvernement. Benjamin Djédjé, un conseiller de Laurent Gbagbo, avait bénéficié des mêmes privilèges protocolaires. Alain Dogou, ministre de la Défense dans le gouvernement d’Aké N’Gbo, a choisi la discrétion pour son retour au bercail. Avant le retour ces «émigrés », ce sont plusieurs caciques du Fpi qui ont retrouvé la liberté provisoire qui s’est muée en liberté définitive. Affi N’Guessan, Aké N’Gbo, Boni Claverie, Sokouri Bohui, Christine Nebout, Aboudrahamane Sangaré, Michel Gbagbo ont quitté leur geôle du pays profond. Dans cette veine, 30 militaires pro-Gbagbo ont retrouvé lundi leurs familles. 11 autres qui étaient à l’intérieur du pays ont été transférés à Abidjan à la grande satisfaction de leurs proches. La cerise sur le gâteau, les éléments des Forces de défense et de sécurité(Fds) rentrés au pays après l’expiration de l’ultimatum du président Ouattara, sont choyés par le ministre de la Défense qui leur déroule le tapis rouge sous les pieds. Selon Paul Koffi Koffi, ils seront recasés en plus de passer à la caisse avec rappel de solde pour tous les mois passés en exil. Il s’est satisfait de l’afflux massif de ces «déserteurs » au cours de l’opération d’enrôlement qui a démarré la semaine dernière. Selon son décompte, ce sont 1.439 éléments des ex-Fds qui sont présentés aux guichets ouverts à leur intention.

Quid des victimes

« Cela signifie que le message du président Ouattara a été bien compris et que nous sommes dans des dispositions d’ouverture et de réconciliation », s’est-il félicité. Les « intrus » qui ne seront pas répertoriés dans les fichiers de l’armée auront un point de chute. « Nous ne voulons pas commettre des erreurs et faire des frustrations », a fait savoir Paul Koffi Koffi. Une telle clémence d’un pouvoir qui n’a pas le dos au mur est rare sous nos tropiques. Il faut ajouter à cela la garantie donnée par le ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko, à Koné Katinan. Ce dernier, rassure le premier flic, ne sera pas arrêté s’il rentre au pays. Il faut savoir qu’un mandat d’arrêta été lancé contre ce ministre du gouvernement Aké N’Gbo accusé d’avoir braqué l’agence nationale Bceao pendant la crise postélectorale. Abidjan a tenté à plusieurs reprises d’obtenir son extradition, mais des juges à Accra en ont décidé autrement. Les choses vont si vite que les frontistes croient rêver au point qu’ils s’interrogent sur les intentions réelles du locataire du palais du Plateau. Les partisans de Laurent Gbagbo semblent pris de court par les gestes de bonne volonté du chef de l’exécutif ivoirien. «Stratégie pour une réconciliation vraie ou tentative de fragilisation du Fpi », s’interroge « Notre Voie », le quotidien présenté comme le «porte-parole » du Fpi. Il faut dire que la libération de nombreux cadres de cette formation a entraîné une scission entre les «colombes » et les « faucons »qui rêvent d’en découdre avec Ouattara au cours d’un éventuel «match retour».

La prime à l’impunité

La représentante spéciale du SG de l’Onu sur les bords de la lagune Ebrié semble avoir perdu son latin devant l’attitude quelque peu inhabituelle du régime d’Abidjan. Mercredi, Aichatou Mindaoudou, dans un bref échange avec les journalistes, en marge de la cérémonie de décoration des soldats égyptiens de l’Onuci, a donné son appréciation après la libération, lundi, d’une trentaine de prisonniers de l’ancien régime. « Je ne ferai pas un commentaire direct sur cette libération, mais un commentaire global sur la tendance que nous enregistrons ces derniers moments. C’est une tendance au cours de laquelle les autorités, de plus en plus, font montre de beaucoup de souplesse, des décisions sont prises dans le sens de l’apaisement de la situation sociopolitique. C’est un signe encourageant et je souhaite que ces différentes décisions et ces différents signaux puissent contribuer à une paix définitive», a-t-elle souhaité. Certes, la volonté du président Ouattara d’obtenir un climat de paix afin de dérouler sa feuille nécessite des sacrifices à consentir à ses adversaires, en particulier le Fpi. Mais la l’indulgence du président Ouattara donne l’impression qu’il sacrifie la justice sur l’autel de la réconciliation. Quid du drame des victimes qui assistent impuissants à l’impunité dont jouissent leurs bourreaux chouchoutés par le pouvoir. Leur douleur doit être grande au regard du blanc seing accordé à ceux qui les ont martyrisés. « Si tout le monde peut rentrer sans être inquiété, autant mener un plaidoyer pour la libération de tous les détenus et de Laurent Gbagbo pour boucler la boucle », fait remarquer le journal burkinabè « Le pays » du 29 janvier.

 

 

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