Les Samedis De Biton: Les Deux Mamelles Du commerce

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La semaine dernière, dans ma marche, un soir, j’ai découvert, dans mon quartier, un autre nouveau super marché. Chaque mois on en découvre ici et là. Tous les quartiers d’Abidjan n’échappent pas à ce phénomène commercial. Les grandes surfaces commencent à devenir légion. La vitrine du pays, à savoir Abidjan, affiche avec une très grande fierté son ancrage dans le libéralisme, disons pour être plus juste dans le capitalisme. L’argent circule assurément. On ne peut pas se permettre d’investir autant dans les super marchés et les grandes surfaces sachant que la rentabilité ne sera pas établie. On sait qu’une grande surface joue sur l’émotion de la clientèle et lui arrache son argent. C’est le cycle primaire du commerce. Tout est fait pour que celui qui vient pour un article prenne deux ou trois autres. Le pauvre client se fait en quelque sorte voler littéralement au sens propre et figuré. Quand il retrouve son esprit, à travers ses difficultés, dans le mois, il ne revient plus durant de longues semaines et des mois. Il faut que ces grandes surfaces et ces supers marchés trouvent d’autres stratégies pour garder leur clientèle durant tout le mois. Il est impossible de diminuer leur nombre, ils font désormais partie du décor. Qu’ils sachent désormais s’adapter aux techniques du capitalisme dans le domaine du commerce. Comme ils l’ont réussi en Europe et en Amérique. Je connais mieux l’exemple du Canada. Nous ne sommes plus un pays africain, du moins à Abidjan, alors il est normal de s’adapter aux normes commerciales des pays que nous voulons imiter. Dans le capitalisme, qu’on appelle libéralisme pour faire plus humain, en matière de commerce, il existe deux mamelles: La publicité et le crédit. On ne peut rien vendre suffisamment et abondamment sans une publicité forte. Sauf à faire de l’amateurisme. Nous sommes dans l’ère de la communication. Ne pas le comprendre et le faire c’est chercher intentionnellement le déficit. La publicité ne se fait pas une seule fois mais tous les jours. Les supports de communication, la presse, la radio, l’affichage, les dépliants, la télévision, sont à des prix qui les mettent hors de portée des commerçants. Il revient aux agences de publicité d’adapter leur tarif à l’environnement économique du pays. Aux tarifs actuels ils ne feront que grignoter des parts de marchés. Ils doivent comprendre qu’ils ont toujours un rôle de pionnier. C’est navrant de remarquer qu’une publicité se fait par une ou deux fois en passant et non d’une manière durable. S’installer dans un quartier sans que personne ne le sache est un déficit criard dans la compréhension de la communication. Comment ne pas évoquer ici en se rappelant les élections présidentielles, législatives et régionales. Dans tout mon quartier aucun candidat ou parti n’a distribué de dépliants ou d’affichettes dans une maison ou de visite dans les foyers. Question, dit-on, de moyens financiers. Il faut absolument revoir les tarifs de publicité. Sans cela notre course vers l’émergence part handicapée. La deuxième mamelle est le crédit. On ne peut pas bien vendre sans le crédit. Tous les commerçants vont crier au scandale si on leur fait cette proposition. Et ils ont parfaitement raison. C’est aussi un handicap dont il est difficile de réparer la jambe. Les gens ne remboursent pas les crédits. De nombreuses expériences l’ont attesté. Toutefois, c’est un chemin incontournable de l’ancrage au capitalisme. Il faut faire absolument des crédits. De nombreuses personnes ont, aujourd’hui, des maisons grâce à un crédit. Et ils ont correctement remboursé. Imaginons, un seul instant, que ces crédits n’avaient pas existé ? Ce qui a été fait dans l’acquisition des maisons peut s’adapter correctement dans l’acquisition, tous les mois, des biens de consommation. Comment faire en sorte que le citoyen ordinaire puisse se procurer des articles sans débourser de l’argent à la caisse ? C’est une vraie gageure. C’est surtout de l’imagination à déployer. Un vrai challenge. Trouver une solution pour donner des crédits permanents à une clientèle susceptible de ne pas rembourser ! Que la difficulté n’empêche pas la recherche de solutions durables. Il est mieux de vendre 92 % de ces produits que de stocker 54 % pendant de longs mois. Il ne faut pas toujours dire que les choses ne marchent pas, dans le commerce, sans avoir cherché à appliquer des techniques qui ont fait leurs preuves dans les pays de consommation. Se tourner vers la publicité et le crédit sont deux mamelles absolument à téter, en matière commercial, pour l’accompagnement à l’émergence. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.

 

 

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