Recensement De La Population – Révision De La Liste Electorale : Pourquoi Il Faut Eviter De Coupler Les Deux Opérations

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A partir du 10 mars, les agents recenseurs vont commencer à sillonner les ménages pour procéder au quatrième recensement général de la population de l’habitat de l’histoire de la Côte d’Ivoire. Mais dans cette opération, l’on doit faire attention au couplage avec la révision de la liste électorale pour éviter de réveiller les vieux démons. Recensement de la population/Révision de la liste électorale.

C’est ce lundi que doit démarrer le recensement général de la population et de l’habitat (Rgph 2014).Après 1975, 1988 et 1998, la Côte d’Ivoire pourra disposer d’une base de données statistiques fiable pour accompagner la politique de l’émergence. Cette importante opération, qui va coûter 12 milliards de Fcfa, servira de boussole aux agents planificateurs pour penser le développement du pays à l’aune de l’émergence, le leitmotiv du président de la République et de l’équipe gouvernementale. Avant le top départ, l’Institut national de la statistique (Ins) qui pilote le projet a été clair. Son Directeur général a indiqué récemment, au cours d’une rencontre avec la presse, que le

Rgph 2014 n’est pas un recensement électoral. Malgré ces précisions, certains observateurs et formations politiques, à quelques jours du démarrage de l’opération, continuent de réclamer le couplage du recensement général de la population et la révision de la liste électorale. L’idée continue de faire son chemin dans certains milieux. Pour les défenseurs de cette thèse, le couplage aura pour avantage de gagner en temps et en ressource en faisant d’une pierre deux coups. Seulement voilà. D’un point de vue théorique, d’aucuns pourraient croire que le couplage du recensement général et de la révision de la liste électorale permettra à l’Etat de faire des économies substantielles. Ce qui n’est pas du tout le cas vu la nature et les objectifs des deux opérations qui visent des objectifs différents. Selon des techniciens des chiffres avec qui nous avons échangé, le recensement général de la population et la révision de la liste électorale sont deux opérations distinctes aussi bien dans la forme et que dans le fond. Le premier est orienté vers la production de données statistiques de planification du développement tandis que la révision du listing électoral permet de constituer un des intrants indispensables à l’organisation des consultations électorales.

Deux opérations totalement différentes

Au niveau du mode opératoire, le recensement de la population intervient tous les dix ans alors que la révision de la liste électorale se déroule toutefois que des élections générales doivent se dérouler. Au niveau du recueil des données, les agents assermentés vont vers les populations alors que dans le cadre d’une révision électorale, ce sont les requérants qui vont vers les centres de collecte et la participation est libre parce que le vote n’est pas obligatoire en Côte d’Ivoire. A contrario, tous ceux qui habitent en Côte d’Ivoire, quels que soient leur nationalité et leurs âges, ont l’obligation de se faire recenser dans le cadre du Rgph parce que le recensement permet à l’Etat de planifier le développement. Ce qui n’est pas le cas pour la révision de la liste électorale qui concerne uniquement ceux qui ont la nationalité ivoirienne et qui ont plus de 18 ans. De ce point de vue, certains peuvent avancer l’idée du mécanisme de ‘‘tamisage’’ qui permettra, à terme, de sortir la liste électorale du fichier du recensement général de la population. Mais les Ivoiriens ont encore en mémoire ce que le couplage de ces deux opérations a provoqué dans le pays. Dans un premier temps, les antagonismes et les calculs politiciens ont grippé ce processus qui avait enregistré des morts en 2009 et qui fait qu’aujourd’hui, des milliers d’Ivoiriens se retrouvent sans pièces d’identité. Du point de vue financier, le couplage de ces deux opérations avait amené la Côte d’Ivoire à réaliser l’identification la plus chère au monde et elle avait trainé en longueur au point que l’on continue de parler de ‘‘liste blanche’’ et de ‘‘liste grise’’. En somme, le couplage est un processus long et coûteux ; c’est pourquoi les défenseurs de cette thèse doivent revoir leur copie. Ces deux opérations doivent être menées de façon distincte. De plus, la Commission électorale indépendante, qui était au cœur de l’organisation de cette opération, est encore place. Il est vrai qu’elle doit être recomposée, mais cela ne signifie pas qu’on doit balayer tous ceux qui y sont pour installer de nouvelles têtes qui viendront prendre beaucoup de temps pour s’imprégner de la situation avant de s’attaquer aux vrais problèmes. Sur l’argument du gain de temps qui est avancé, Youssouf Bakayoko continue d’avoir apriori la confiance des présidents Ouattara et Bédié. Changer la tête de cette institution serait synonyme de tout reprendre à zéro alors que nous sommes à 20 mois de l’élection présidentielle. Il est donc important de dissocier le recensement général de la population de la révision de la liste électorale pour éviter les problèmes de 2009 et pour éviter aussi qu’on politise le recensement qui est un important outil pour le développement.

 

 

 

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