Dispositions Sécuritaires Et Sanitaires Contre La Fièvre Hémorragique Ebola – Le Préfet Yacouba Doumbia : « Etant à La Frontière, Nous Constituons Un bouclier Contre Ebola »

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Le département de Tabou partage une longue frontière (170 km) avec le Libéria voisin, tout le long du fleuve Cavally. De Prolo, 1er poste frontière à 26 km de Tabou à Para qui est à 45 km du département de Taï, en passant par Grabo et Djouroutou. Le Préfet Yacouba Doumbia, Préfet du département de Tabou, donne ici des informations sur les dispositions prises dans son département, pour lutter contre l’entrée de la fièvre hémorragique à virus Ebola. Entretien :

Lementor : M. le Préfet, un communiqué du gouvernement, en date du 24 août dernier, a annoncé la fermeture de nos frontières avec la Guinée et le Libéria afin de préserver la Côte d’Ivoire de la fièvre hémorragique à virus Ebola. Avec la proximité de votre département avec le Libéria, quelles sont les dispositions sécuritaires et sanitaires prises ?

Yacouba Doumbia : En ce qui concerne le département de Tabou, nos actions de lutte contre la fièvre hémorragique à virus Ebola ont précédé la fermeture de la frontière par la Côte d’Ivoire. Lorsque la fièvre hémorragique  avait été signalée au Libéria, avant même qu’ils aient décidé de fermer leurs frontières, il y avait un dispositif à Prolo, à la fois sécuritaire et sanitaire. En vue de contrôler la température des personnes qui rentraient. Cela s’accentuait beaucoup plus du fait que le jour de marché à Prolo est le jeudi et que les populations vont et viennent. Nous avions pris acte de ce que le Libéria même a décidé de fermer sa frontière. Par conséquent, si le pays concerné décide lui-même de fermer ses frontières, il est tout à fait normal que nous prenions acte de cela et que nous empêchions les libériens de rentrer en Côte d’Ivoire ou les ivoiriens de partir au Libéria. Ensuite, lorsque le gouvernement a décidé de la fermeture des frontières ivoiriennes, cela nous a mis beaucoup plus à l’aise pour renforcer les dispositifs qui étaient déjà en place.

LM. : Comme à Noé, frontière Est, y a-t-il un poste de santé avancé à Prolo afin que ceux qui arrivent soient d’abord contrôlés par un dispositif sanitaire avant le contrôle des agents de défense et de sécurité ?

Y.D. : A Prolo comme je le disais tantôt, nous avons mis une structure qui contrôle toutes les personnes qui y entrent. Depuis la fermeture officielle des frontières de la Côte d’Ivoire, les forces sécuritaires sont en alerte tout au long de la frontière. Tous les responsables sanitaires sont sensibilisés sur le fait qu’un cas de personne qui veut franchir frauduleusement la frontière est signalé, elle soit systématiquement refoulée vers son pays.

LM. : Les agents sécuritaires et sanitaires à la frontière disposent-ils de thermomètres infrarouges permettant d’obtenir la température corporelle des personnes à une distance d’un mètre, de combinaisons, de gants, de bavettes et de cache-nez ? 

Y.D. : Le personnel de l’Hôpital Général de Tabou et des centres de santé, est doté de combinaisons. Chaque infirmier en possède au moins une. Tout cela est piloté par le Directeur Départemental et supervisé par le Directeur Régional de la Santé de San-Pedro. Nous avions besoin de renforcer l’équipement des militaires, parce que si le personnel sanitaire avait le minimum, il n’en était pas de même pour les militaires et forces de l’ordre. Ceux-là mêmes qui sont chargés du refoulement. A présent, ce problème est résolu, ils ont l’équipement qu’il faut. Notre frontière étant fermée, logiquement, le problème de thermomètre infrarouge ne se pose pas de facto. Quant à la frontière Est, elle n’est pas fermée, il y a régulièrement circulation. Par conséquent, il y a nécessité de s’assurer que ceux qui y entrent, ne contournent pas le dispositif en place. C’est tout à fait normal qu’ils en disposent là-bas. On parle de couloir humanitaire, si c’est le cas ici, certainement, les agents seront dotés de thermomètres infrarouges. Il faut signaler ici, le cas des clandestins avec deux cas de figures les concernant. Soit, ils réussissent à franchir clandestinement la frontière et nous les faisons reconduire par les forces de l’ordre. Ces forces ont besoin d’un minimum d’équipement pour leur sécurité. Ce qui leur a été remis récemment. Soit, avant même qu’ils aient atteint le sol ivoirien, ils puissent être refoulés.

LM. : Quelle est votre méthode de sensibilisation de la population dans votre département ?

Vous savez, il y a le poste officiel de Prolo. Mais notre frontière fait plus de 170 km avec le Libéria. Il y a tout un ensemble de pistes qui existent et la solution que nous avons trouvée en cela, c’est que les plus importants soient occupés par les forces de l’ordre. Pour certains cas, nous avons demandé aux Sous-préfets à ce que chaque chef de village mette en place un comité de surveillance de sorte à alerter immédiatement les services sanitaires et les services de sécurité pour les éventuels cas d’infiltration ou d’entrée clandestine. En commune, il faut dire que les élus sont impliqués dans la lutte. Il y a eu au moins deux conférences publiques ponctuées par des projections, animées par le Directeur Départemental de la Santé. De manière à davantage sensibiliser les populations de la ville. Et toutes les tournées que font les Sous-préfets, sont faites avec le Directeur Départemental de la Santé ou avec un médecin. Aujourd’hui, tout le monde est sur le terrain.

LM. : Procédez-vous à des contrôles systématiques dans les maquis ?

Y.D. : Effectivement, nous le faisons à travers le service des Eaux et Forêts. Chaque fois qu’un cas nous est signalé, ils vont sur le terrain pour vérifier. Il y a eu un cas avéré où la viande a été récupérée et détruite. C’était à Nero-village. Pour dire que nous veillons au grain.

 LM. : Pour terminer, un message à la population, bien qu’à ce jour, aucun cas de fièvre hémorragique à virus Ebola n’ait été détecté en Côte d’Ivoire.

Y.D. : Aujourd’hui, notre souhait, notre vœu le plus cher est de tout mettre en œuvre pour que notre vaste département soit à l’abri de cette grave infection. Pour la sensibilisation, qu’est ce que je peux dire de plus que le message du gouvernement qui stipule « Ne pas chasser, manipuler et manger la viande de brousse. Eviter de serrer les mains, les contactes avec les animaux et les cadavres… » ? Respectez strictement les consignes qui ont été données par le gouvernement. Etant nous, à la frontière, nous sommes une sorte d’avant-garde, donc nous constituons le bouclier et chacun doit prendre au sérieux, la question de la fièvre hémorragique à virus Ebola. Nous sommes une sorte de bouclier et ce rôle, nous allons le tenir jusqu’à ce qu’on dise qu’il n’y a plus de fièvre Ebola au Libéria.

 SORY  BLINTIAKA (envoyé spécial à Tabou)

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