Tout le monde le sait. Un combat à mort a cours, en ce moment, au FPI. Pro et anti-Affi se livrent une guéguerre. Pour lʼinstant, à fleuret moucheté. En attendant le congrès du 14 décembre prochain. Pendant quʼen Côte dʼIvoire, lʼon assiste à travers la presse à une véritable guerre dʼopinion, au Ghana, des caciques du FPI, certainement pris de démangeaisons, en prélude aux joutes oratoires de la grande messe frontiste, décident de mettre fin à leur exil. En lʼespace de deux semaines, ce sont plus dʼune vingtaine de cadres de lʼex-parti au pouvoir qui signe leur retour au pays natal. Après Atteby William, Lia Bi Douayoua, Hervé Siaba, Désiré Porquet, Atsé Yapo Benjamin, Nado Clément… rentrés au pays le lundi10 novembre dernier, ce fut hier au tourdes ministres Hubert Oulaye, Assoa Adou, Odette Sauyet, lʼancien directeur de la Société des palaces, Zadi Guédé et bien dʼautres de rentrer en Côte dʼIvoire après quatre ans dʼexil. Ces retours en cascade interviennent dans un contexte où le FPI, leur parti, est en proie à des convulsions internes. Le Front populaire ivoirien, qui prépare activement son prochain congrès, est en ce moment miné par des querelles byzantines. Pascal Affi NʼGuessan, lʼactuel président de cette formation politique, est confronté à une fronde animée par certains cadres qui lui reprochent sa trop grande dépendance et surtout son ambition de briguer la magistrature suprême en2015, quʼils assimilent à un crime de lèse majesté à lʼencontre de lʼicône de leur parti, Laurent Gbagbo. Pour ces derniers, cette volonté affichée de leur président est la preuve achevée de son ingratitude vis-àvis de son mentor. Entre donc parricide et connivence avec le pouvoir Ouattara, le pas est vite franchi pour les anti-Affi indécrottables. Depuis lors, ils ont juré dʼavoir sa peau au prochain congrès. La stratégie toute trouvée est la candidature de Laurent Gbagbo quʼils considèrent comme le seul capable de le battre en lʼétat actuel des choses. Ces cadres qui se veulent les gardiens de lʼorthodoxie, essayent de couper lʼherbe sous les pieds de Pascal AffiNʼGuessan, en lançant depuis Mama, la candidature de Laurent Gbagbo. Ils passent à lʼacte en déposant cette candidature, le 4 novembre dernier par son fils, Michel Gbagbo. « Aucune candidature ne doit venir contrarier celle de Laurent Gbagbo », lance Alphonse Douaty. Maislʼancien maire de Bongouanou nʼa que faire de ces menaces. Dix jours après, il réplique en faisant acte de candidature, entouré de plusieurs hauts dignitaires du parti à la rose. «On ne peut pas diriger le FPI en étant en prison », rétorque Pascal Affi NʼGuessan. Démontrant du coup toute sa détermination à faire du FPI un parti politique débarrassé de ses anciens fantômes. Comme pour montrer quʼil ne plaisante pas du tout, pascal Affi NʼGuessan va jusquʼà contester la régularité du dossier de Laurent Gbagbo qui, pour lui, ne contient pas, comme le recommande le comité de contrôle, une demande de candidature signée de sa propre main. Les couleurs du prochain congrès sont ainsi annoncées. Cʼest dans cet environnement sulfureux que les rangs des cadres exilés du FPI dégrossissent. Curieusement. Apparemment, beaucoup dʼentre eux ont compris que la prochaine bataille se tiendra en Côte dʼIvoire. Il est donc clair que ces retours massifs, constatés ces dernières semaines, ont un lien avec le prochain congrès de leur parti. La question est de savoir pour quel camp viennent-ils. Qui vient pour qui ? Qui roule pour qui ? Car ces cadres, il est clair, ne paient pas le billetre tour pour venir être des spectateurs. Tout le monde sait que Marcel Gossio, lʼancien directeur général du Port autonome dʼAbidjan, revenu dʼexil depuis janvier dernier, est le directeur du staff de campagne de Pascal Affi NʼGuessan. Le Pr Voho Sahiqui lui a emboité le pas deux mois après, en est le porte-parole. Rien nʼest moins sûr pour les ministres Assoa Adou, Lia Bi Douayoua, Odette Sauyet, lʼex-député de Yopougon, Attéby William, Désiré Porquet, ex-conseiller économique et social, Nado Clément, ancien président de la Sorbonne du Plateau, Hervé Siaba, président delʼEFYM, Zadi Guédé, ancien directeur général de la « Société Les Palaces deCocody », pour ne citer que ceux-là. Cependant, des sources bien introduites révèlent que la plupart dʼentre eux épousent la vision de Pascal Affi NʼGuessan, qui consiste à intégrer le FPI dans le jeu démocratique pour lui permettre dʼoccuper entièrement sa place de premier parti de lʼopposition. Les mêmes sources rassurent que le mouvement ne sʼestompera pas de sitôt. Car, à quelques trois semaines du congrès de tous les dangers, dʼautres soldats viendront certainement, soit pour gonfler les rangs des pro-Affi, soit pour chercher à le pousser vers la sortie. Toujours est-il que lʼafflux des cadres du FPI en exil vers la Côte dʼIvoire ces derniers jours augure de chaudes empoignades qui risquent de laisser de profondes séquelles au parti de Laurent Gbagbo, si ce nʼest simplement de le casser en deux morceaux
Jean Claude Coulibaly
Le Patriote
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