Alassane Ouattara : La Constitution Sera Modifiée Après Les Elections De 2015‏

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Propos liminaire

Bonjour et bonne fête à toutes les dames, bonne fête à tous. Je suis heureux que nous soyons tous ensemble après cette belle cérémonie de la fête des femmes, la journée internationale de la femme. Nous voici au terme de la visite d’état  que nous avons effectué dans le district du bas Sassandra  qui nous a envoyé successivement à soubré, à Yacoli diabo, à Méagui,  Meyo,  à Sassandra, à Fresco à tabou et à San Pedro. A chacune de ces étapes, j’ai reçu un accueil particulièrement chaleureux. De nombreux témoignages d’amitié, de fraternité, je dirai même d’affection. Au nom de mon épouse et de toute la délégation qui m’a accompagné, remercier les populations du Bas Sassandra pour leur accueil. Avant de dresser le bilan de ma visite, je voudrais  à l’occasion de la journée internationale de la femme, rendre un vibrant hommage à toutes les femmes de Cote d’Ivoire et du monde. Je voudrais saluer le dynamisme des femmes, leur courage, leur contribution au développement du pays. Et comme je l’ai indiqué, lors de l’installation du conseil national de la femme, le lundi 02 mars  dernier à Abidjan, le rôle et l’action de la femme ont été décisifs dans les étapes de la vie de notre nation. C’est pourquoi nous devons consolider davantage les droits des femmes. Nous devons veiller à la protection, à la promotion et aussi à l’autonomisation des femmes.  S’agissant maintenant du Bas Sassandra, cette visite a été l’occasion de faire l’état d’avancement dans cette région et de présenter aux populations les grands projets que nous avons pour la région. Nous avons de grandes ambitions pour cette région du sud ouest.  Notre objectif est de donner à cette région un nouvel élan, en faire un grand pool de développement du pôle énergétique de la Cote d’ivoire. Les 6000 milliards que nous avons l’intention d’investir d’ici 2020 vont transformer la région, accroitre son activité auprès des investisseurs et surtout  créer des emplois. Nous avons déjà obtenu les financements de certains de ces projets, le financement des partenaires bilatéraux pour des partenariats publics –privé. Comme vous le savez, j’ai cité un certains nombre de projets comme la construction d’université à compter de septembre 2015, l’autoroute Abidjan-San-Pédro, la construction de la gare routière, de l’aéroport international de San-Pedro, l’augmentation de la capacité énergétique de la région pour en faire le pool énergétique de notre pays  grâce à la construction de plusieurs centrales thermiques, et des barrages hydro électrique. J’ai donné tous ces détails lors des discours,  il y’ a aussi l’extension du port de San Pedro pour en faire un véritable outil de développement de  toute la région. Nous avons donc des projets importants qui se chiffre à plus de 5 milliards 500 plus  la question de bitumage des routes cela nous envoi à un total de près de 6000 milliards de Fcfa sur les prochaines années donc de maintenant jusqu’à 2020. Je voudrais remercier tous les journalistes pour votre disponibilité. Chaque soir le programme a été minutieusement  diffusé avec beaucoup de professionnalisme. C’est grâce à vous que la population ivoirienne et au delà, tout le monde a pu suivre le succès de cette visite. Je voudrais dire merci au premier ministre, aux membres du gouvernement, aux élus locaux et çà tous les cadres qui ont contribué à la réussite de cette mission.

Durant votre séjour dans la région du Bas-Sassandra, vous avez parlé de la construction d’une Université. Qu’en est-il de la promesse que vous avez faite à Man, concernant l’ouverture de l’Université de cette ville qui était prévue pour 2014 ?

Notre objectif de travailler à ce que chacun des districts ai une université à terme. Nous avons comme ambition d’ouvrir une  Université dans chaque chef lieu de district. Nous avons bien évidemment  déjà à  Abidjan et Bouaké plusieurs. Nous avons Korhogo qui a ouvert. Man les travaux sont en cours, l’université devrait ouvrir en octobre cette année. Pour San-Pedro, les travaux commencent en septembre et donc l’Université pourra ouvrir en octobre 2016. Donc nous continuerons ce programme ainsi bien sûr dans d’autres régions, notamment Bondoukou, Abengourou ainsi de suite.

Quelles sont les mesures prises par l’Etat pour lutter contre l’érosion vu l’immense investissement pour le port autonome de San Pedro ?

Les mesures prises pour protéger la zone côtière, c’est des questions très techniques. Bien évidemment, le tracé de l’autoroute devra tenir compte de toutes ces contraintes. Nous avons beaucoup d’expérience en la matière. L’environnement et le développement durable est maintenant une priorité pour nous tous. Nous devons protéger bien sûr  la zone et la flore. Il n’y a pas de souci de ce côté. 

Excellence Monsieur le président, à Bonoua à l’occasion de l’inauguration du centre d’alimentation d’eau potable, vous indiquiez votre appartenance au Pdci. A Sassandra, au cours de votre meeting, vous avez réitéré votre désir de parvenir à un parti unifié. Alors M. le président, votre retour à votre parti originel est-il envisageable ? Et qu’en sera des partis alliés (Mfa, Udpci) et l’Upci ?

Pour ce qui est de mon appartenance au  Pdci-Rda, je crois que c’est évident. J’ai été le numéro 2 du Pdci. Par conséquent, nous sommes tous Pdci je crois dans cette salle. Le premier ministre,  Amadou Gon etc. Donc je pense qu’il n’y a pas de développement à faire là-dessus. Il n’y a pas d’implication à tirer de cela.

Essy Amara a fait une sortie récemment où il disait que les jeunes musulmans désœuvrés pourraient appartenir à Boko Haram en Côte d’Ivoire. Pour vous qui êtes le chef de l’exécutif, quel est votre réaction à cette sortie qui sonne comme le tocsin d’une formation de bandes armées en Côte d’Ivoire ?

Je n’ai pas pris connaissances des propos d’Amara Essy. Donc je ne vais pas les commenter.

La présence de Blaise Compaoré en Côte d’Ivoire est critiqué par les autorités burkinabés. Et bien que Kaffando ait effectué une visite de travail ici en Côte d’Ivoire, les relations sont quelque peu tendues. M. le président, quel est le statut de Blaise Compaoré ? Bénéficie-t-il du statut d’exilé ?

Blaise Compaoré,  est chez lui en Côte d’Ivoire.

Concernant le RDR dont vous êtes toujours le président…

Ce n’est pas vrai, je ne suis pas le président du Rdr. Vous devez lire la constitution. Je suis au-dessus des partis. Je suis avec tous les partis donc je suis Pdci, je suis Rdr, je suis Fpi, je suis tout le monde. (…). Soyez certains que je suis tout à fait conforme à la constitution. Mais je trouve que ce n’est pas une bonne idée de dire qu’un Président de la République ne peut pas appartenir à un parti. C’est illusoire. J’espère qu’il y aura une modification constitutionnelle pour régler cela. Obama est au parti démocrate, tout le monde le sait. Hollande est au parti socialiste et tout le monde le sait. Alors quelle est cette hypocrisie de dire que le Président n’appartient à aucun parti. Moi je respecte la constitution telle qu’elle est aujourd’hui mais je souhaite qu’elle soit modifiée. Je veux la transparence dans les relations humaines et dans les relations politiques. Je suis PDCI, je suis RDR, je suis UDPCI, je suis RHDP, je suis avec tout le monde, FPI, PIT. Il y en a encore d’autres je crois. Pour le moment je suis avec tout le monde.

 Concernant les procès en assises des pro-Gbagbo, vous avez dit qu’il y aurait des poursuites dans tous les camps. La Commission nationale d’enquêtes a fait ses enquêtes et a déposé un rapport qui a dit qu’il y a eu des tueries dans les deux camps. A quand les poursuites dans votre camp ?

Le camp de qui ? Moi je n’ai pas de camp. Il faut que les questions soient bien précises. Je suis le Président de tous les Ivoiriens, je n’ai pas de camp. (…) Pour les procès, ils ont commencé mais ce n’est pas encore terminé. Et moi je voudrais attirer votre attention de faire preuve de moins de sévérité à l’endroit de notre justice. Il y a des progrès considérables qui ont été accomplis. Voyez-vous, l’ancien Président se trouve à la Haye mais son procès n’a même pas encore commencé et personne ne dit mot. On trouve cela tout à fait normal et on veut que la Justice ivoirienne règle des centaines de cas en un an ou deux ans. En 2011 et 2012, notre Justice était totalement inexistante. Beaucoup de magistrats avaient fui, les salles n’étaient pas disponibles. Tout ce travail a été fait et ces procès ont lieu et ces procès continueront. Tous ceux qui ont été indexés dans ce rapport de la commission nationale d’enquête devront répondre de la Justice. Je crois que les interrogatoires ont commencé d’ailleurs si j’ai bonne information. Par conséquent ne pensez pas que c’est une affaire de justice pour certains ou contre d’autres. Les victimes se trouvent dans les deux camps si vous voulez parler de camps. Donc, il faut que tous ceux qui ont commis des crimes de sang notamment puissent être jugés. Je  réaffirme l’engagement qu’il n’y aura pas d’exception. J’ai répondu déjà à votre troisième question qui était la meilleure, je suis un homme heureux. Merci.

Est-ce qu’on peut dire que vous êtes un homme heureux en 2015 puisque vous venez de remporter la Can et le Pdci vient de vous choisir comme son candidat ?

 Je suis un homme comblé et comme je le disais aux Eléphants, à l’entraîneur, à la Fif, je serais encore plus heureux si on remportait la Can en 2017. Ce serait formidable.

Vous avez annoncé un investissement de 6000 milliards. Et vous avez dit que la Côte d’Ivoire pas à s’endetter à l’extérieur. Mais est-ce que ça ne va pas entraîner une hausse des impôts en Côte d’Ivoire pour le financement de ces investissements ?

Vous savez, les 6000 milliards, je n’ai pas voulu ennuyer avec tous les détails tout à l’heure, mais nous avons fait le compte exact : il y a la construction de l’université qui fait 84 milliards qui commence en septembre 2015, c’est sur financement  multilatéral, c’est un partenariat public-privé, donc il n’y a pas de problèmes. La construction de l’autoroute Abidjan-San Pedro, 740 milliards, c’est également un partenariat public-privé, c’est-à-dire, des grosses sociétés internationales qui ont de l’expérience, après appel d’offre vont s’engager à le faire et ce sera comme le Pont Henri Konan Bédié, ce sera une autoroute à péage. Comme l’autoroute de Yamoussoukro, donc ça se finance tout seul. La construction de la gare routière, je ne sais pas comment elle va s’appeler, mais là, c’est pas un montant excessifs, donc, l’Etat pourra le faire en combinaison public-privé,  la construction de l’aéroport internationale de San Pedro, également un partenariat public-privé, autour d’une centaine de milliards ; l’augmentation de la capacité énergétique de la région ; d’abord, il y a le barrage de Soubré qui coûte 330 milliards ; les deux centrales thermiques à charbon, 700 milliards, toujours en partenariat public-privé ; le barrage de Soubré c’est avec le Chine, c’est un prêt constitutionnel ; les quatre barrages Louga, Botoubré, Blibopopoli et Tiboto, pour 3700 milliards, c’est également avec les Chinois etc.Vous voyez, les partenariats public-privé, c’est des privés, des pays comme la Chine qui font le travail avec le financement chinois, bien-sûr, il y a une contribution de la Côte d’Ivoire, mais qui est faible. C’est pour cela que je dis que ça n’entraîne pas d’endettement excessif de la Côte d’Ivoire. Parce que nous allons continuer, malgré les bonnes performances, avec le Fonds monétaire international pour bien valider que notre pays est bien géré et que nous n’avons pas de soucis à nous faire. Aujourd’hui, le ratio de la dette Pib est aux alentours de 40 pour cent. Donc fondamentalement, nous n’avons pas de problème de dette extérieur. Tous ces projets se financent tous seuls. Vous savez, s’il y a tout ça, c’est la confiance. Si les opérateurs de ses grands pays, la Chine l’Union européenne, les Etats-Unis n’avaient pas confiance à la capacité managériale du gouvernement, on n’aurait jamais ces projets. Donc, c’est d’abord la confiance qui fait que nous avons ces financements. Donc les 6000 milliards seront financés bien évidemment essentiellement par l’extérieur, mais où seules les ressources constitutionnelles qui n’accroissent pas la dette de manière indue, et où par les privés qui financent sur leurs propres ressources et se font rembourser. Parce que c’est des constructions qu’on appelle Bot (Build opérate and transfer). Ils se paient sur la structure construite pendant 20 ans, 30 ans et après, ça devient la propriété de l’Etat de Côte d’Ivoire. Il y a également l’extension du port de San Pedro qui fait 950 milliards, c’est également un partenariat public-privé. Nous sommes très regardants sur la gestion macro-économique. Nous avons l’un des meilleurs cadrages macro-économiques dans le monde, si bien au niveau du déficit sur la dette publique et de la dette sur le Pib, au niveau de l’inflation, du taux de croissance. Et nous entendons maintenir ces bonnes performances. Et vous avez un grand banquier à la tête du pays et un grand économiste, Daniel Kablan Duncan, vous n’avez pas de soucis à vous faire. Il n’y aura pas de hausse d’impôt, bien au contraire, mon objectif c’est de baisser les impôts. Je vais baisser les impôts au fur et à mesure que la base imposable va s’améliorer. Et même de convaincre les pays de l’Uemoa d’accepter qu’on commence à baisser les droits de douanes. Donc pas de soucis sur le financement sur l’impact sur la dette extérieure e »t sur le cadrage macro-économique.

Vous avez récemment exprimé, concernant la lutte contre Boko Haram, que c’est une menace réelle pour notre pays et la sous-région. Vous avez exprimé également votre solidarité à l’endroit des pays engagés dans la lutte contre cette secte. Quelle sera la part concrète de la Côte d’Ivoire dans la lutte contre cette secte ?

La Côte d’Ivoire a joué, dans la lutte contre Boko Haram, une part importante, d’abord quand j’étais le Président de la Conférence en exercice de la Cedeao. Nous avons organisés des interventions internationales pour libérer le Nord Mali. Nous avons aussi été à côté de nos frères du Nigeria et même du Niger. Il n’y a pas plus de deux semaines, nous avons envoyés une mission en Niamey pour marquer notre solidarité et nous travaillons, les deux zones Cedeao et Ceac, pour avoir une approche commune de sorte qu’elle ne soit pas limitée aux pays du bas du lac Tchad, c’est-à-dire le Nigéria, le Niger, le Tchad et le Cameroun. Il faut l’élargie à tous les autres pays. Parce qu’évidement, cette menace terroriste ne se limite pas seulement aux pays voisins du Nigeria. J’espère que dès ce mois de mars, nous pourrons organiser un sommet Afrique central-Afrique de l’Ouest pour être un peu plus précis sur les modalités de contribution des uns et des autres. Le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine vient d’adopter, il y a quelques jours, un projet de résolution à faire adopter par les Nations Unies pour demander 10.000 hommes. La Côte d’Ivoire n’a pas encore été sollicitée. Mais si c’était le cas, bien sûr, les ministres compétents et l’armée ivoirienne nous feront des recommandations.

Vous avez nommé Koné Mamadou à la tête du Conseil constitutionnel. Des voix s’élèvent pour dire que vous avez choisi une personnalité du Rdr qui peut travailler selon votre vouloir. Quel commentaire ?

 Les gens doivent comprendre une chose, moi je n’interfère  pas dans la gestion des Institutions. Je veux des Institutions qui soient autonomes, fortes  et qui  donnent  la crédibilité à notre nation. Obama l’a dit il y a déjà plusieurs années. J’ai déjà indiqué  que ce qui se passe au   Conseil constitutionnel n’a rien à avoir avec le Président de la République. Le président du Conseil a décidé de me remettre sa démission compte tenu des problèmes  de fonctionnement à l’intérieur du Conseil constitutionnel. Je ne pouvais qu’accepter  cette démission. J’ai essayé de trouver  les meilleurs magistrats possibles. Celui qui a été nommé, je ne sais pas comment vous voulez étiqueter   . Moi ce qui m’intéresse, c’est la compétence des uns et des autres. Après tout quand j’ai nommé  Francis Wodié. Personne n’en a fait un problème.   Pourtant, il n’est pas de mon parti. Il est  même d’un parti de gauche. Je l’ai pris pour sa compétence. Celui qui lui a  succédé  à été majeur à l’école de magistrature de Paris. C’est quand même un magistrat  respecté qui a  été directeur de cabinet sous plusieurs régimes. Il a travaillé quasiment avec tous les partis politiques. Il a été ministre de la Justice sous Laurent Gbagbo etc. Moi je n’ai pas d’apriori. Je  considère que les bons magistrats diront  toujours le droit. Je pense que les ivoiriens Au vu du travail qu’il a fait à la Cour suprême. J’ai mis à la Cour suprême un autre grand magistrat Aphing Kouassi qui est respecté. Donc, j’essaye de trouver le meilleur à chaque poste. Je pense que j’ai choisi à mon âme et conscience les meilleurs pour ces deux postes.

le Président, L’alternance en 2020 avec un cadre du Pdci. Que  pouvez-vous dire pour rassurer les sceptiques ?

Moi, je suis pour l’appel de Daoukro, je l’ai indiqué publiquement ; mais la priorité que j’ai indiqué à tous, et je le répète, c’est que nous devons travailler au parti unifié parce que en réalité le Pdci s’est éclaté en plusieurs morceaux et même à l’intérieur de chaque parti, il ya des voix discordantes. La preuve, au Pdci, il ya 99% qui sont pour l’appel de Daoukro, je crois à peu près 1% qui n’est pas pour ; c’est la démocratie. Je suis au Rdr, il y a également peut être 99% qui seront pour l’appel de Daoukro, il ya 1% qui sera contre ; l’Updci ; le Mfa, l’Upci, il fois que le parti est unifié, le problème est plus simple à résoudre donc je ne me fais de soucis. De toute façon, nous sommes pour l’appel de Daoukro. Je crois que cet appel donne une visibilité sur la stabilité du pays, c’est ça le plus important. Les questions de personnes ne m’intéressent pas parce que je veux vraiment les meilleurs pour la Côte d’Ivoire et les meilleurs pour me succéder. Rassurez vous, je ne m’accrocherai pas au pouvoir. Je peux faire autre chose et je l’ai déjà démontré. Donc voici pour l’alternance 2020.

Monsieur le Président, est-ce que l’article 35 pourrait être révisé avant les élections de 2015 ?

Il n’y a aucune raison de modifier l’article 35. Je crois qu’il faut laisser le Conseil constitutionnel et la Commission électorale in dépendant (Cei) faire leur travail. Je considère par contre, qu’il y a des modifications à apporter à l’article 35 qui sont de facto et qui ont déjà utilisés pour les élections de 2010. On aurait pu faire le nettoyage en faisant un référendum. Mais un référendum, c’est coûteux. Mais en droit, on dit qu’il y a ce qu’on appelle jurisprudence. A partir du moment où ces dispositions ont été appliquées, elles seront applicables. Mais nous ferons une modification constitutionnelle globale après les élections. Parce que nous devront incorporer dans la constitution, tous les amendements qui sont déjà utilisés de facto, mais qui n’ont pas pu être modifiés, parce  que le référendum n’a pas été fait. Mais leur utilisation pour les élections de 2010, vaut consultation de la voix populaire. Par  conséquent, il n’y a pas lieu de se précipiter à changer l’article 35. Ce sera fait. Et ce sera peut-être l’occasion d’avoir un débat constitutionnel. Pour avoir une troisième République, pourquoi pas. Ce sont des questions qu’il faut étudier sereinement.

Mon intervention va porter sur deux points. Le premier concerne la situation sécuritaire à la frontière ivoiro-libérienne, notamment dans la région de Grabo et le second point sur le processus de réconciliation nationale. Dans la région de Grabo, il y a un dispositif sécuritaire sur le terrain, et malgré, tout, l’on enregistre des attaques répétées. Lors de votre passage à Tabou, vous avez mis en garde les auteurs de ces attaques et vous avez annoncé que le dispositif sécuritaire sera renforcé. Qu’est-ce qui va changer concrètement sur le terrain ? Autrement dit, comment ce dispositif sera-t-il matérialisé pour permettre de sécuriser les populations ? Sur le second point, malgré votre appel au retour des exilés de la crise postélectorale, nombreux sont ceux qui restent en exil. Qu’est-ce que vous comptez faire pour les amener à rentrer au bercail, quatre ans après la crise postélectorale ?

C’est plus simple de prendre la deuxième question, concernant la réconciliation. Le fait qu’il y ait des réfugiés à l’extérieur ne traduit pas un problème de réconciliation nationale. Parce qu’au début de la crise nous avions plus de 300.000 réfugiés à l’extérieur. Aujourd’hui, je crois que nous en sommes à 58.000. Dont 38.000 au Liberia. Vous savez, quand il y a eu la guerre du Liberia, il y a quarante ans, il y a encore des Libériens qui sont en Côte d’Ivoire. On ne peut pas forcer les gens à rentrer. Mais ce que je condamne c’est que les gens se trouvent sur un territoire étranger et font des incursions ou même des attaques en Côte d’Ivoire. Et j’ai dit que dans ce cas le Conseil National de Sécurité a pris des dispositions, nous avons donné les moyens à nos forces de défense et de sécurité et nous allons nettoyer la zone. Que ce soit Tabou, Grabo, Lodjo, tous ces endroits, nous allons les nettoyer. Parce que nous considérons que tout cela doit se régler. Nous allons même demander un droit de poursuite aux Liberia, aux autorités libériennes, comme c’est le cas dans la lutte contre Boko Haram. Le Niger, le Tchad ont eu des droits de poursuite sur le territoire nigérian. Nous avons demandé des droits de poursuite sur le territoire libérien, pour aller anéantir tous ces gens qui viennent périodiquement perturber la sérénité des populations à la frontière. Là nous avons les moyens. Il y avait un problème d’infrastructures. Nous avons donné des fonds au Génie militaire pour nettoyer, dégager les pistes. Nous allons faire des battues dans les forêts, nous allons prendre toutes les dispositions nécessaires que nous jugeons nécessaire pour assainir la zone. Besoin est de l’autre côté de la frontière pour le faire. Une fois que cette question est réglée, ceux qui sont de bonne volonté Antonio Guterres, le patron du HCR me disait, la semaine dernière qu’il y a à peu près 10.000 personnes qui sont au Liberia et qui sont prêtes à rentrer. Je les invite à rentrer immédiatement. En, réalité, s’il y a eu un ralentissement, également, ce n’était pas les problèmes sécuritaires en priorité, c’était la fièvre Ebola. Mais maintenant que le Liberia a réussi à éradiquer le problème de la fièvre Ebola, bien évidemment, nous prendrons des mesures pour que ces 10.000 personnes qui veulent rentrer puissent être vérifiées et puissent rentrer rapidement en Côte d’Ivoire. Si c’était le cas, cela voudra dire qu’on n’aurait plus qu’une vingtaine de mille réfugiés au Liberia. Et puis, compte tenu de la porosité des frontières et que ce sont les mêmes ethnies de part et d’autre, que certaines personnes décident de rester plus longtemps que d’autres au Liberia, c’est leur choix. On ne peut pas forcer des gens à rentrer. L’essentiel est que ces personnes se conduisent de manière pacifique. Elles peuvent venir et partir si elles le veulent, mais nous ne pourrons pas faire mieux que cela. Le dispositif a été engagé. D’ailleurs il y a quelques jours, le chef d’Etat major et le ministre de la Défense m’en ont informé. Monsieur le Premier ministre, j’ai dit que le jeudi (Ndlr, 12 mars) nous avons un Conseil national de sécurité et nous prendront mes mesures complémentaires pour qu’en quelques semaines on n’ait plus à parler de cette situation.

Tout le monde reconnaît en vous un bâtisseur et les visites d’Etat en Côte d’Ivoire riment avec développement. Est ce qu’en 2015, vous pourrez visiter toutes les autres régions qui attendent. Est-ce que vous pourrez faire le tour de toutes ces régions avant les élections prochaines ?

Je vous remercie Sali, c’est une très bonne question. En fait, vous savez,  ça ne dépend pas de moi. Ça dépend du Premier ministre et du Secrétaire général de la Présidence. Moi je suis prêt, même si on veut la semaine prochaine qu’on aille à Séguéla, Monsieur le ministre d’Etat, moi je suis prêt. Le problème que nous avons, tout le monde veut que le président aille dans sa région. Mais tous veulent également des travaux d’infrastructure toute de suite. Donc il, y a un arbitrage à faire. Je prends le cas d’odienné, nous devions partir à Odiénné je crois  la première quinzaine d’avril. Maintenant les gens d’Odiénné me disent président il faut reporter parce que  nous ne sommes pas prêt, il  y a des travaux. Les responsables locaux auront à faire un choix. Moi je peux faire tous les quinze jours, je peux faire 3, 4 jours dans une région, dans un district. Et j’ai 5 mois, il y a 10 régions. Si vous faites 2 fois 5 ça fait 10, ça devrait faire les 10 districts. Mais si maintenant les responsables de ces régions disent qu’on n’est pas prêt, il faut qu’il y ait plus d’infrastructures, les financements sont en place. Mais nous avons quand même des contraintes. Parce que nous voulons que ces travaux soient menés par des entreprises locales qui quelques fois n’ont pas toute la compétence pour faire des travaux de grande qualité que nous exigeons. Monsieur le Premier ministre tout dépendra de ce que vous et le Secrétaire général de la Présidence, vous pourrez faire comme arbitrage. Mais moi je suis prêt à faire tous les quinze jours, 3, 4 jours dans un district, ce qui permettra de faire effectivement tous les 10 districts. Mais est ce que tous les travaux peuvent commencer en même temps,  être réalisés suffisamment de manière avancée pour ce que je puisse y aller ? Je ne suis pas sûr. En tout cas je crois que Hamed Bakayoko et Amadou Soumahoro sont d’accord pour que j’aille à Séguéla dans la deuxième quinzaine du mois d’avril. Ça c’est acquis je crois. Ce sont les gens d’Odiénné qui souhaitent que la première quinzaine du mois d’avril qui leur est réservée soit reportée. Bien sûr nous tenons compte des avis des cadres, des populations. Parce que c’est pour elle que nous faisons ces visites. Mais les travaux démarrent lentement quelques fois. Regardez à San Pedro, les fonds ont été dégagés mais ça a pris du temps pour faire tout ça. Ce n’est pas de notre faute. Mais si la sélection des entreprises, il y a des difficultés entre les uns et les autres pour essayer de faire avancer les choses. Et puis il y a des pluies également, il y a des intempéries. Notre volonté c’est de tout faire mais je souhaite que les gens n’en fassent pas un grand  problème. Si je n’ai pas le temps de le faire en 2015, compte tenu de tout ce que j’entends, je pense que nous serons encore avec vous en 2016. Donc j’aurai la période de 2016 à 2020 pour continuer les visites d’Etat. Moi j’aime bien le contact avec les populations. J’étais ému de voir que dans certaines régions, j’étais le premier chef d’Etat  à effectuer une visite d’Etat. Quand j’étais dans l’opposition, j’avais dit que pendant mon mandat, je visiterai toutes les régions. J’ai visité toutes les régions quand j’étais dans l’opposition. Et en tant que président de la république, je vais visiter toutes les régions pour m’assurer que ce que j’ai promis est bien en voie de réalisation et voir quelles sont les nouvelles préoccupations, les nouvelles demandes des populations. C’est ça la politique.

Ouattara Aboubacar

Lementor.net

 

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