Célébration du 1er mai : le Président Ouattara rassure les travailleurs : Les ex-travailleurs, les retraités, oubliés ?

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Une fois encore, ils étaient très attentifs, les oreilles bien ouvertes et les yeux rivés sur le petit écran, afin de ne perdre un seul mot du Président Alassane Ouattara, lors de son adresse aux travailleurs, à la cérémonie du 1er mai 2015. Eux, ce sont les retraités, ces personnes du 3ème âge appelées aussi, les séniors. Eux, ces ex-travailleurs qui ont tracé les sillons du développement de ce pays, eux qui devraient être aux premières loges, semblent considérés comme un poids pour la société. A aucun moment de l’adresse du Président de la République, il n’a été question d’une quelconque revalorisation de leur pension bien que des responsables de centrales syndicales, aient parlé de retraite. La dernière revalorisation salariale, ils avaient été omis et repêchés avec une augmentation de 2.5 de leur pension. « J’ai le plaisir de vous annoncer les mesures suivantes. Au titre des fonctionnaires, après le déblocage entamé en 2014, les salaires de tous les fonctionnaires seront débloqués. Et ce, à compter de ce 1er mai. Cette mesure met fin à 27 années de longue attente. Elle va toucher 113.432 fonctionnaires, dont 92.323 enseignants et 14.803 agents de la santé, en plus des 38.000 qui ont été faits auparavant. Il n’y aura plus de blocage tant que je serai Président et les promotions pourront reprendre comme le statut de la fonction publique l’exige tous les deux ans. Cette mesure signifie qu’il y aura une augmentation régulièrement chaque deux ans des salaires des fonctionnaires », a décidé le Président Alassane Ouattara. Mais aucun mot pour les pensions des retraités.

Qui sont-ils, les retraités ?

Tandis que sous d’autres cieux, les retraités sont enviés, sous nos tropiques, ils sont relégués dans la catégorie des assistés. Pourtant, ce sont ces hommes et ces femmes blanchis par les ans et perclus par le travail, qui dès 18 à 21 ans, ont servi leur pays pendant plus de 30 ans. Certains ont eu à parcourir des kilomètres à pied pour rejoindre leur poste, ces pionniers du développement de la Côte d’Ivoire. Eux, ce sont aussi ces travailleurs dont les avancements étaient bloqués jusqu’à leur départ à la retraite. Avancements qui n’ont jamais été débloqués. Donc eux, ce sont ces travailleurs devenus ex-travailleurs, à qui l’Etat doit beaucoup d’argent. N’étant plus en activité, qui doit les défendre quand on sait que sous les tropiques, seuls les mouvements de grève font bouger les choses. Voyez-vous ces hommes et femmes blanchis ou grisonnants, s’aidant parfois d’une canne, organiser une marche de protestation, faire des sit-in ? Lors des grandes cérémonies (fête de l’indépendance, présentation de vœux de nouvel an au Président de la République, célébration du 1er mai) où les corps constitués prennent la parole, ils n’ont jamais été associés, comme si la République avait honte de ces pionniers qui vont s’en aller un jour, dans l’anonymat. Sans honneur et sans gloire, ils demeurent et les jeunes, leurs enfants, témoins de ce triste spectacle, ont peur de la retraite. Pourtant, comme la mort, le tour de chacun viendra si la mort n’a pas précédé cette retraite tant redoutée.

Le retraité et la société

Ce n’est pas parce qu’ils ne travaillent plus dans l’Administration publique que les retraités son inactifs. Bien au contraire. Ils ne sont pas moins de 90 000 pensionnés à la CGRAE et autant à la CNPS. Une bonne frange de la société que les politiciens ne doivent pas ignorer. Car bien que retraités, ils sont très actifs sur plusieurs autres plans. D’abord en tant que pères de familles et consommateurs dans la société. Ceux qui ont encore sur les bras, leurs enfants de 20 à 30 ans sans travail, avec des petits-fils et Dieu sait qu’ils sont nombreux, paient les denrées alimentaires, les factures d’eau et d’électricité, les frais médicaux et les divers déplacements aux mêmes pris que les travailleurs. Pendant que la pension des retraités demeure bloquée, le coût de la vie grimpe, grimpe. Ces retraités, ils sont aussi leaders d’opinion, chefs de communautés, meneurs d’hommes et responsables locaux de partis politiques. Dans ce dernier domaine, ils sont très actifs, grands et bons animateurs de leurs structures politiques du fait qu’ils sont beaucoup plus libres. Oui, la retraite n’est pas la mort, c’est une autre forme de vivre avec les mêmes besoins que tout autre citoyen de ce pays. En cette période électorale, le politique qui ignore les séniors, les retraités ou les ex-travailleurs, ne se tire-t-il pas une balle dans la jambe ?

Khalil Ben Sory

Lementor.net

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