Audition de Pascal Affi N’guessan dans l’affaire Guei: Deux jeux troubles sur les bords de la lagune Ebrié

0
8

Le président du Front populaire ivoirien (FPI), Pascal Affi N’guessan, est dans de beaux draps. En effet, à peine a-t-il fini avec ses démêlés judiciaires par rapport au rôle qu’il a joué pendant la grave crise postélectorale de fin 2010, qu’une autre affaire le concernant apparaît au grand jour. Il s’agit du dossier du Général Robert Guéi, du nom de celui-là qui, en décembre 1999, avait renversé le régime du président Henri Konan Bédié. Battu à plate couture par Laurent Gbagbo à la présidentielle de 2000, Robert Guéi tente de s’accrocher au pouvoir avant d’être « balayé » à son tour par la rue. La suite, on la connaît. Le 19 septembre 2002, jour du coup d’Etat manqué contre Laurent Gbagbo, Robert Guei et son épouse trouvent la mort. Et ce n’est pas tout. Car  tous ceux qui étaient, ce jour-là, dans la cour du général, ont été envoyés ad patres, et même les animaux, dit-on. Qui donc a été à l’origine de cette barbarie indigne d’une époque civilisée ? Qui avait intérêt à ce que disparaisse pour toujours le général Guéi ? Ce sont là autant de questions auxquelles la Justice militaire tente de trouver des éléments de réponses ; elle qui, en septembre 2012, avait ouvert une enquête sur cette affaire qui a abouti à l’inculpation de 16 militaires. Et à l’instar de l’affaire Thomas Sankara au Burkina Faso, la Justice militaire ivoirienne prévoit l’exhumation du corps du général et la reconstitution des faits pour déterminer avec précision les circonstances de sa mort. Il faut donc souhaiter que toute la lumière soit faite sur cette affaire et que soient punis tous les auteurs de ce crime.

Faut-il voir dans l’interpellation de Affi Nguessan, la conséquence de sa récente sortie médiatique ?

Quant à Pascal Affi N’guessan, il doit comprendre qu’en tant que Premier ministre à l’époque des faits, la Justice ne pouvait pas ne pas l’entendre sur l’affaire Guéi, surtout que peu avant lui, son ministre de la Défense de l’époque, a été aussi auditionné. Seulement, on ne comprend pas pourquoi l’exécutif ivoirien a attendu ce moment précis, c’est-à-dire à quelques petits mois de la présidentielle, pour remettre ce dossier brûlant sur la table. Pourquoi maintenant ? Faut-il voir dans l’interpellation de Affi Nguessan, la conséquence de sa récente sortie médiatique où il déclarait frontalement que le président Alassane Ouattara doit partir ? Rien n’est à exclure. Car en politique, tous les moyens sont bons pour déstabiliser l’adversaire.

C’est connu, pour légitimer sa victoire à la prochaine présidentielle, Alassane Ouattara veut d’un candidat sérieux pour l’y accompagner. Mais il ne veut certainement pas d’un trouble-fête dont les prises de position et les déclarations pourraient replonger le pays dans une nouvelle crise postélectorale aux conséquences incommensurables. Dès lors, on comprend pourquoi en tant qu’ex-Premier ministre et président du FPI, Affi N’guessan a été élargi là où ses frères et sœurs politiques ont écopé de lourdes peines. L’homme a su  jouer le jeu du pouvoir si bien que certains de son parti n’hésitent pas à le qualifier de traître. Maintenant qu’il commence à découvrir ses longues dents, le pouvoir sort progressivement les dossiers accablants, comme pour lui dire de faire gaffe. Le pouvoir ADO se montre d’autant plus menaçant que dans la perspective de la présidentielle, l’heure est actuellement aux regroupements. En effet, pas plus tard que la semaine dernière, la Coalition nationale pour le changement (CNC) regroupant les frondeurs du FPI, du PDCI, du LIDER et de bien d’autres va-t-en-guerre de partis politiques, a été actée avec pour objectif d’empêcher à tout prix la réélection du président Ouattara. En tout cas, Pascal Affi NGuessan doit être aujourd’hui mal à l’aise. Car il se retrouve pris entre le marteau de ses camarades du parti et l’enclume du pouvoir qui semble le tenir par la barbichette. Alors, saura-t-il s’en sortir sans laisser trop de plumes ?

Boundi OUOBA

La Pays (Burkina Faso)

Auteur :

Source :

Commentaires facebook

Mettez votre commentaire

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here