Le poids de la gloire et des délices du pouvoir : Le RDR devenu un géant au pied d’argile ?

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L’ambition légitime d’un parti politique digne de ce nom, n’est-il pas d’accéder un jour au pouvoir d’Etat ? Né par césarienne, le Rassemblement Des Républicains (RDR) a aussi accédé au pouvoir d’Etat par césarienne, tant le chemin a été parsemé d’obstacles avec au bout, plus de 3000 morts dans ses rangs. Quatre ans après, le parti logé à la rue Lepic, le RDR si cher au Président Ouattara, a-t-il eu ou a-t-il les épaules assez larges et robustes pour porter le poids du pouvoir d’Etat, malgré les délices qui aveuglent parfois, sans faillir à sa tâche ? Les proches du Président Alassane Ouattara, ses lieutenants, ceux-là mêmes qui devraient contribuer au rayonnement de leur parti, ont-ils pu se défaire des vieilles habitudes d’embourgeoisement pour vêtir à la suite de leur mentor, le manteau du changement ? La réponse est non, à entendre les plaintes et complaintes des militants de base du RDR.

Le RDR ne sème-t-il pas les graines de l’abstentionnisme de ses militants de base ?

De la crainte de transformer le RDR en adversaire passif du candidat Ouattara. Le RDR fait tout aujourd’hui pour être ou ressembler à tout, sauf à une machine de conservation du Pouvoir. De part le mur bâti entre ses cadres et les militants, le RDR prépare les conditions d’un abstentionnisme qui risque d’entacher gravement le prochain mandat du Président Ouattara. Croyant l’affaire gagnée d’avance (ce qui est vrai vu le charisme du candidat Ouattara), les cadres du parti ont fui le terrain et du coup, ne donnent pas les moyens aux gens de terrain que sont les Secrétaires Départementaux et leurs lieutenants. Ils affectionnent les grandes sorties médiatiques où les scores à la russe sont annoncés. Tous les jours, à la télévision nationale et dans la presse écrite, les scores de 90 à 100 % sont annoncés pour Ouattara. Mais on oublie de mentionner le taux de participation. Avec une opposition qui s’organise et qui commence à réussir de grandes mobilisations comme celle de la place Inch Allah de Koumassi, il faut se dire que les élections à venir (législatives, régionales et municipales) ne sont pas gagnées d’avance. Même si les élections présidentielles semblent dans la poche. Qu’en sera-t-il des autres scrutins qui cette fois-ci, pourraient ne pas être boycottés par l’opposition significative ? Est-ce un mandat bancal qu’il faut offrir au Président Ouattara avec une Assemblée Nationale où la majorité sera aux mains de l’opposition et de l’allié circonstanciel (PDCI) réunis ? Combien de militants de base se précipiteront vers les urnes comme en 2010 ? S’il y a un constat qui se dégage de la révision de la liste électorale, c’est bien la faible affluence des ivoiriens dans les différents centres d’enrôlement. Ce désintérêt contraste largement avec l’engouement populaire suscité par les échéances électorales de 2010. A preuve ! « La Commission électorale indépendante (CEI) impute la faible mobilisation des populations à l’insuffisance de communication et d’information de proximité pendant la période de l’opération de la Révision de la liste électorale (RLE) 2015 qui a pris fin le 12 juillet après une prorogation de 12 jours à l’issue de son terme légal. Au terme de l’opération, 344.295 personnes (334.788 en Côte-d’Ivoire et 9.507 à l’étranger) ont été nouvellement inscrites sur la liste électorale », a annoncé Gervais Coulibaly,

Floraison des clubs de soutien ou la ruée vers l’or comme dans les films westerns

Pour pallier ce déficit de présence sur le terrain de la mobilisation, des opportunistes ne se font pas prier pour rentrer dans cette brèche ouverte et faire rêver des gens qui n’ont aucun rêve en réalité pour les autres. Des gens qui à la vérité avancent, une calculette en main. Il n’y a qu’à observer l’arrogance de certains aujourd’hui dans leurs attributs de Monsieur ou Madame Intel pour s’en convaincre. Alors, bonjour les clubs de soutien. Pas un seul jour ne passe en Côte d’Ivoire sans que ne soit signalée la naissance ou l’activité de tel ou tel club de soutien à Alassane Ouattara. Plus nous avançons vers Octobre 2015, plus les gens prennent du plaisir à davantage phagocyter ce qu’il reste encore du RDR. Le RDR est relégué en arrière plan, oublié dans sa loge. Certains se lèchent en ce moment les babines. Ils ont eu leur créneau pour aller à la soupe nauséeuse, gluante sans goût du profit facile. Pendant ce temps, ceux qui ont coulé sang et sueur s’interrogent toujours : à quand le retour de l’ascenseur social?

La déception et le désenchantement est-il passé par là ?

La question qui nous vient à l’esprit est celle-ci : Qu’est-ce qui explique ce désintérêt criard des ivoiriens et des militants du RDR en particulier pour la présente opération ? Le RDR, le parti logé à la rue Lepic a toujours eu la réputation d’avoir les militants les plus intrépides et les plus déterminés de ce pays. La déception et le désenchantement est-il passé par là ? Déçus par le bilan de leur champion ? Certainement pas tant ce bilan s’avère plus que positif. La gestion humaine si décriée par les militants de ce parti reste dès lors la seule explication à cette situation fâcheuse : Pilotage à vue, gestion approximative du parti, cadres ingrats, égoïstes et insouciants du lendemain. Après observation, l’on ne peut s’empêcher aujourd’hui de voir en ces cadres du RDR, des hommes qui en mangeant se croient obligés de détruire le RDR en laissant à l’abandon les braves militants qui pendant deux décennies leur ont servis de boucliers face à l’adversité. Oubliant du coup que quand reviendront les heures chaudes (car tout est cyclique dans la vie), nécessité se fera de recourir à ces « pestiférés » de militants sans qui ils ne sont pourtant rien. Le président Ouattara va indubitablement rempiler pour un deuxième mandat. Son atout : Plus l’absence d’adversaire charismatique que la mobilisation de ses militants. Son seul adversaire ? Le faible taux de participation qui l’obligera en toutes évidences à avoir le triomphe modeste.

Khalil Ben Sory

Lementor.net

 

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