Laurent Pokou s’en est allé : qui était l’homme d’Asmara, Pokou la légende ?

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Une étoile aux racines ivoiriennes qui a brillé et qui brillait dans le firmament du ciel africain et européen s’est éteinte. Le génie humain qui la faisait scintiller est passé de l’autre côté de la grande porte. Le roi est mort, vive le roi Pokou ! Ne dit-on pas que les légendes ne meurent jamais, qu’elles se perpétuent dans l’espace et le temps afin d’aider à construire le présent et à préparer l’avenir ? Laurent Pokou, la légende du football ivoirien, l’idole aux trois surnoms ‘’ admiratifs’’, – l’Empereur Baoulé, – le Duc de Bretagne et – l’Homme d’Asmara,- ne doit pas mourir même si son enveloppe humaine N’Dri Pokou Laurent a choisi le repos du guerrier pour se retirer à jamais du monde des vivants, ce dimanche 13 novembre 2016, à Abidjan, sur les bords de la lagune Ebrié. Bonjour et adieu Pokou ! Salut l’artiste ! Respect à toi, la légende ! L’homme Pokou : ses débuts Né le 10 août 1947 à Treichville, une commune d’Abidjan, Laurent Pokou, de son nom complet, Laurent N’Dri Pokou, d’ethnie Akan (Baoulé) originaire de Tiassalé, est un joueur et un entraîneur ivoirien de football. Sur le plan national, il se fait connaître alors qu’il jouait avec l’Union Sportive Fraternelle de la RAN (l’USFRAN) de Bouaké. De Bouaké, il rejoint l’un des quatre grands clubs ivoiriens (ASEC – AFRICA Sport – Stade – Stella) basés dans la capitale Abidjan, l’ASEC mimosa (les enfants s’amusent). C’est à l’ASEC que son génie éclabousse et qu’il obtient la plupart des titres figurant à son palmarès. Adulé par les autorités ivoiriennes, il est réticent à quitter la Côte d’Ivoire pour devenir footballeur professionnel. – Le Ministre de la Défense de l’époque, M’baya Blé Kouadio, lui offre du travail à son Ministère avec une voiture coupé-sport (une Ford Capri) immatriculée L 1010 CI 1 qui était une attraction. Tous les amoureux du football connaissaient cette voiture qui ne passait pas inaperçue. L’homme d’Asmara et son N°9 fétiche Dribleur ‘’ fou’’ doublé d’un butteur patenté, Laurent Pokou évoluait sous le N°9, surtout en équipe nationale, le N° du grand Pelé. Avant-centre titulaire de l’équipe nationale de Côte d’Ivoire, il obtient notoriété et reconnaissance internationale en obtenant le titre de meilleur buteur de la Coupe d’Afrique des Nations en 1968 et en 1970. Son record de quatorze buts, marqués lors de ces deux éditions de la compétition, n’est battu qu’en 2008 par Samuel Eto’o, 38 après. Oui, il faut le faire quand on est un génie ! Pour ce sacre, c’était avec 6 buts en 1968 en Éthiopie et deux ans plus tard, 8 buts en 1970 au Soudan, dont 5 en un seul match contre l`Éthiopie, battue 06 buts à 01. Ce qui lui valu le surnom de « L`homme d`Asmara » (Asmara : ancienne ville d`Éthiopie devenue la capitale de l`Érythrée). Avec ses 14 buts, il a été pendant 38 longues années qui ont vu passer de nombreux et grands footballeurs, le meilleur buteur de cette compétition africaine. Cela eut pour déclic par le fait que, le français Paul Gévandon, l’entraineur de l’équipe nationale de l’époque, était convaincu de son immense talent. Il le sélectionna et l’emmena à la CAN 1968 en Éthiopie. Et c’est lors de cette compétition, que l’attaquant va se révéler au monde entier. Il y obtient avec la Côte d’Ivoire son pays, une belle troisième place, et un surnom : « l’homme d’Asmara ». Cela, pour un haut fait d’armes digne des génies, lors de la demi-finale contre le Ghana. C’était le 19 janvier 1968, alors que les Éléphants sont menés par 2 buts à 1, il se déchaîne et inscrit deux buts de suite, en à peine cinq minutes de jeu. Complètement survolté, il élimine les défenseurs des « Black Stars » les uns après les autres et les laisse médusés par tant d’adresse. La Côte d’Ivoire mène alors 3 à 2, mais cela n’a pas suffit malheureusement. Le match se termina sur une victoire du Ghana par 4 buts à 3. Sa légende venait de naitre de cette défaite pleine de panache. Salut l’artiste ! L’aventure française : Rennes et Nancy Lorraine Laurent Pokou, bien que retissant, finit cependant sur le tard à 27 ans, par rejoindre la France. Courtisé assidument par les clubs français les plus prestigieux, Pokou quitte la Côte d’Ivoire en fin décembre 1973. Il signe à Rennes et devient le premier joueur ivoirien à quitter le pays pour jouer dans une division professionnelle, lui qui avait toujours joué sous licence amateur en Côte d’Ivoire. Oui, le Premier professionnel ivoirien ! Pour sa première saison 1973-1974, il contribue au maintien de son club en inscrivant 8 buts en 14 rencontres. Il enchaîne les réalisations, ridiculise toutes les défenses, et permet à Rennes d’éviter la relégation. Malheureusement, lors d’une rencontre à Châteauroux, sa saison s’arrête précocement, victime d’une grave blessure au genou. Pokou mettra 17 mois à revenir. Entre temps, Rennes retourne en deuxième division. Nous sommes en 1977. À 30 ans, « l’homme d’Asmara » quitte la Bretagne, direction AS Nancy Loraine. Passeur exceptionnel, buteur hors pair, il fit les beaux jours de ce club aux côtés du tout aussi mythique Michel Platini. Cependant, il ne parviendra pourtant pas à y donner sa pleine mesure, victime d’une maladie parasitaire. Son parcours a été toutefois ponctué de nombreuses blessures et par son échec sous le maillot nancéien. Pour que la légende ne meure deux fois Laurent Pokou exprimait à lui tout seul, le génie du football ivoirien. Il portait en lui, tout le respect dû à un empereur. Longtemps après la fin de sa carrière sportive, l’Empereur Baoulé restait pour la Côte d’Ivoire, un symbole de l’unité nationale. De retour au pays, il y jouera encore trois ans, le temps de disputer une dernière CAN en 1980. Il passera par le RS Anyama, un modeste club de la banlieue d’Abidjan qu’il a fait monter en division 1 en 1983 et mènera ensuite une courte carrière d’entraîneur jusqu’en 1988. Un regard sur son palmarès et ses distinctions : – Vice-champion de Côte d’Ivoire en 1965 (USFRAN Bouaké) – 3ème de la Coupe d’Afrique des nations en 1968 (Côte d’Ivoire) – Champion de Côte d’Ivoire en 1970, 1972, 1973 et 1980 (ASEC Abidjan) – Vainqueur de la Coupe de Côte d’Ivoire en 1967, 1968, 1969, 1970, 1972 et 1973 (ASEC Abidjan) – Vice-champion de France de D2 en 1976 (Stade Rennais) – Vainqueur de la Coupe Félix Houphouët-Boigny en 1980 (ASEC Abidjan) – Champion de Côte d’Ivoire de D2 en 1983 (RS Anyama) Distinctions personnelles – 2ème au Ballon d’or Africain en 1970 – 3ème au Ballon d’or Africain en 1973 – Meilleur buteur de la Coupe d’Afrique des Nations en 1968 (6 buts) et 1970 (8 buts) – Nommé Officier de l’ordre National puis Commandeur de la République de Côte d’Ivoire 70 sélections – 1965 USFRAN Bouaké (CIV) – 1966/73 ASEC Abidjan (CIV) – 1973/77 Stade Rennais (FRA) 63 matchs, 44 buts – 1977/78 AS Nancy-Lorraine (FRA) 19 matchs, 3 buts – 1978/79 Stade Rennais (FRA) 12 matchs, 6 buts1979/82 ASEC Abidjan (CIV) – 1982/83 RS Anyama (CIV) L’homme Pokou s’en est allé : ce qu’il faut pour perpétrer la légende Laurent Pokou, l’un des dignes ambassadeurs du sport et du football du continent, est resté un sportif de légende. Il est considéré comme l’un des meilleurs joueurs de l’histoire du football ivoirien et africain. Footballeur mythique, il était membre de la Fédération Ivoirienne de Football, sous le mandat du Président Jacques Anouma. « Laurent Pokou a marqué sa génération et celle juste après. Cet ancien international ivoirien reste une légende dans son pays, mais aussi au Stade rennais. Fin dribbleur, rapide, physique et doté d’une intelligence tactique, son nom restera à jamais inscrit dans les mémoires du football africain. Reconnu comme l’un des plus grands attaquants de l’histoire, sa carrière n’a jamais décollé comme elle l’aurait mérité », a dit un admirateur. Il ne faut donc pas que cette légende disparaisse à jamais. Pour cela, – que les ivoiriens amoureux du ballon rond à qui il a donné tant de joie et de plaisir dans les stades par ses dribles, par ses accélérations et par ses buts, parfois fabuleux et indescriptibles, – ces ivoiriens, dans le cœur et dans l’esprit de qui, il a su créer le vrai patriotisme qui rend fier d’appartenir à une nation, autour du plaisir des stades, le rendent inoubliables. Qu’ils l’amènent à traverser allègrement l’espace et le temps sans blessure (ces blessures qui l’ont souvent éloigné des stades) et sans ride, en reconnaissance de ces hauts faits sportifs qui ont mis tous d’accord, ces ivoiriens doivent lui offrir la vie éternelle à travers des monuments portant son nom, des salles et lieux de sports et des statues géantes de l’homme. Concrètement sur le terrain, cela doit se faire par l’édification au stade Félix Houphouët Boigny, d’une statue géante de 5 à 6 m de haut, de l’homme d’Asmara en pleine action, balle au pied. De sorte que, dès qu’on pénètre au stade FHB, l’on passe avec respect et admiration au pied de la statue géante de Pokou, l’Homme d’Asmara. A u sein de l’école des sports, l’Institut National de la Jeunesse et des Sports (INJS), y ériger une statue de Laurent Pokou dans la cour et donner son nom à une salle de sport ou une salle de réunion. L’INJS, lieu par excellence où l’on inculque, où l’on apprend le sport et ses vertus à la jeunesse qui perpétuera son nom, son histoire extraordinaire. Donner aussi son nom à un des stades de Bouaké, ville où il a fait ses premières armes dans l’équipe de l’USFRAN. Pour ne pas trop demander, pourquoi ne pas donner son nom à des rues, dans certaines villes dont Tiassalé et Anyama ? En attendant la mise en œuvre de toutes ces réalisations qui vont permettre à l’Empereur d’être avec et aux côtés de son peuple demeuré toujours admiratif, il faut lui organiser des funérailles grandioses éclatées dans le pays. Dans les stades du Nord (Korhogo) au Sud (Abidjan), de l’Ouest (Man) à l’Est (Abengourou), en passant par le Centre (Bouaké). Manifestations faites de défilés dans ces stades avec de grandes banderoles, des photos géantes (2 m X 1,5 m), etc., les spécialistes savent ce qu’il faut. C’est à ce prix que l’Empereur Baoulé, le Duc de Bretagne, l’Homme d’Asmara poursuivra sa légende dans l’esprit de tous ceux qui l’ont connu et vibrés avec lui et de ceux qui ne l’ont pas connu mais qui seront imprégnés de son extraordinaire histoire. Respect à toi, la légende !

Khalil Ben Sory

Lementor.net

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