2020 non négociable, Duncan et Ahoua Ndoli réhabilités : décryptage exclusif du retour de Bédié en fils prodigue

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Le Président Henri Konan Bédié est rentré au pays, dimanche 30 juillet 2017, en véritable fils prodige. L’accueil s’est passé dans d’excellentes conditions à la dimension du poids du Pdci dans l’alliance au pouvoir, sans oublier la considération que maintient à l’égard de son aîné le chef de l’Éta ivoirien. On a vu aussi la mobilisation militante des cadres, des dirigeants et des militants de base du parti. Au-delà de ces considérations d’ordre général, qui semblent, a priori, si évidentes dans un contexte politique et démocratique normal, mais qui, dans le contexte des désaccords persistants entre le PDCI et le RDR à propos de 2020, font que l’accueil du Président Henri Konan et le discours qu’il a tenu ont une résonance particulière, quelle lecture faire de ce qui s’est passé à l’aéroport ?

[ Un accueil protocolaire qui montre que le dialogue n’est pas rompu entre Bédié et Ouattara ] 

Le protocole a installé à la droite du Président Bédié le Vice-président Duncan et, juste à sa gauche, l’Inspecteur d’Etat  Ahoua Ndoli, fraîchement nommé après le limogeage de Niamien N’Goran.  Au Pdci, le Vice-président Duncan n’a pas de prééminence vis à vis des autres vice-présidents du parti, tandis qu’Ahoua Ndoli ne peut prétendre être aux côtés du Président du Pdci, par rapport aux autres hauts cadres du parti. On constate que le protocole républicain s’est imposé à Henri Konan Bédié lors de son accueil.  La rumeur avait fait état des relations tendues qui pouvaient exister entre Bédié et le Vice-président, entre Bédié et l’lnspecteur d’Etat, à la suite de l’échec d’une  mission à Paris.

Le Président Bédié, en se soumettant au protocole de la République et de l’Etat , donne des gages aussi bien à Ouattara qu’aux partisans du Rhdp au sein du parti. Bédié semble dire aux « noyaux durs » du PDCI : « Le temps n’est pas encore à la rupture, à l’affrontement, à la bataille au sein du Rhdp. Duncan et Ahoua Ndoli appartiennent bien à la famille. Ils sont Pdci. Ils ne sont pas des vendus, ni des traites, sinon ils ne seraient pas à mes côtés. Leurs fonctions éminentes au sein des institutions sont bien dévolues à des Pdci ».  On les disait en disgrâce, et objet du courroux des militants et du Pdci, mais les voici mis en premier rang et réhabilités, devenant les vrais bénéficiaires de cette opération de remise en selle du Président du parti. 

[ Bédié ne cède rien sur les questions qui fâchent ] 

Pourtant le chef du Pdci ne cède pas sur le fond ou du moins ne se renie pas. Car au-delà des symboles et du protocole , il renvoie à nouveau aux interviews qui fâchent, en particulier l’entretien accordé à Jeune Afrique ou à TV5. Il avoue n’avoir rien de nouveau à dire sur les questions qui fâchent, par rapport à ce qu’il a déjà dit, à savoir : un candidat Pdci en 2020, dans le cadre de l’alternance. Ambiance.

Au passage il lâche un petit mot vicieux au sujet de 2020, qu’il indique non négociable par rapport à la constitution : c’est à dire que c’est une échéance non négociable. Les journalistes cherchent alors la petite phrase qui  mettra le mettre aux poudres, le reprennent et demandent : « non négociable pour le Pdci, pour l’alternance, pour quoi, pour qui ? ». 

Bédié, qui est bien rodé, a tout de suite vu le piège, il feint de ne pas entendre la question, la fait reprendre le temps de trouver la bonne réponse : 2020, n’est pas négociable pour tout le monde. Pas seulement pour le Pdci mais pour tout le monde, car il s’agit d’une date constitutionnelle qui s’impose à tous.

En même temps, le Sphinx sait que le bout de phrase malgré sa précision, pourrait être retenu pour lui faire dire ce qu’il n’a pas dit. Après le coup de l’alternance, voici le mot « pas négociable » , qui vient s’ajouter à ces expressions et bons petits mots dont le Sphinx a le génie et l’inspiration :  » zozo, hypocondriaque écrivant, les grandes douleurs sont muettes , vieux jeunes, Soro mon protégé, etc…. ». 

[Piège évité] 

Les journalistes maintiennent la charge et demandent ce qu’il en est du parti unifié, et du Rhdp. Ils veulent savoir comment la présidentielle non négociable pour tous les Ivoiriens et tous les partis politiques sera abordée. Bedié souffle alors le froid après avoir soufflé le chaud,  afin de contenter les « noyaux durs », qui ne sont pas trop contents de voir Duncan et Ahoua Ndoli, en bras droit et gardes de corps du chef. Mais le Président Bédié ajoute aussitôt :  » Nous agissons tous en ce moment en Rhdp » ! Ouf ! A la fin du point de presse, Duncan et Ahoua Ndoli qu’on sentait un peu crispés au départ, se détendent et paraissent soulagés. Mais rien n’est moins sûr : le Président Bedié indique que les vraies nouvelles seront données à la maison, et non à l’aéroport, comme s’il voulait donner l’occasion de penser qu’il donne un coup de pied à son protégé Guillaume Soro qui a choisi de donner les nouvelles depuis un aéroport, avec sa déclaration solennelle de pardon.

[ Pourquoi faire à Ouattara, une guerre pas faire à Gbagbo  ] 

Résultat des courses : le retour de l’enfant prodigue, c’est-à-dire celui qui a oublié la maison et qui y revient pour la retrouver (cette parabole est l’image du retour de la brebis égarée, Bédié s’étant « égaré » avec l’Appel de Daoukro), a été un triomphe, et tout le monde semble y avoir gagné un peu aussi bien au Rdr , qu’au Pdci.

À coup sûr la guerre des nerfs se poursuit et est ainsi décodée par un connaisseur de la maison Bédié : «  Pourquoi voulez-vous qu’il traite Ouattara en ennemi ou même en simple adversaire, ce qu’il n’a pas fait, de 2000 à 2010, à Laurent Gbagbo qui était pourtant un adversaire déclaré, mais dans le gouvernement duquel des cadres Pdci ont été nommés. Nous sommes pressés, mais doucement, doucement ». Traduction : chaque chose en son temps ; juillet 2017 est loin de 2020.

Interrogé sur l’affirmation prêtée dans le JA, en kiosque, ce Lundi, à un haut cadre proche du Président Ouattara , selon laquelle Bédié avec l’appel de Daoukro, n’a fait qu’éviter l’humiliation au Pdci crédité de 10 à 15 % dans les urnes face à Ouattara qui aurait gagné de toutes les façons , ce connaisseur dit sobrement : « Dieu est grand. En 2020 on verra ». Amen et Alleliua !

Le retour de Bédié ne s’est pas conclu par une déclaration de guerre au Rdr. Mais, manifestement, ce retour était attendu par tout le monde : par les militants et cadres du PDCI, désormais rassurés, mais aussi par les alliés de Bédié qui avaient suivi le ballet des visiteurs de Paris. 

Charles Kouassi

Afrikipresse

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