La décision commune du Président Henri Konan Bédié et du Président de la République Alassane Ouattara, de transformer la coalition RHDP en parti unifié est désormais officiellement actée à travers un accord politique matérialisé par un texte doublement signé. Il importe de déterminer la signification de cette décision politique capitale.
Certes nous n’en sommes qu’au stade de la signature de l’accord politique de principe « pour la création du parti unifié ». Reste à franchir, l’étape de la signature du manifeste du parti unifié qui, donnant corps au parti unifié, traduira, en réalité tangible, l’accord subjectif de principe.
Il n’en demeure pas moins que cette adoption est un pas décisif car, pour les deux chefs des parties prenantes majeures, la décision de créer le parti unifié est un choix rationnel fondé sur la prise en compte des intérêts bien compris de toutes les parties prenantes. Lorsque la volonté se fixe une fin à réaliser dans des conditions historiques particulières, la raison lui prescrit sous un mode hypothétique les actions nécessaires qui permettent de l’atteindre. Dans le domaine de la concurrence politique où le bonheur des peuples est l’objectif ultime des actions des dirigeants, les impératifs de la raison sont toujours de nature pragmatique car ce sont les fins poursuivies qui commandent les moyens à utiliser.
Si, dans le contexte du multipartisme, le PDCI et le RDR veulent conserver la majorité du vote pour parachever dans la décennie à venir le programme politique de l’houphouëtisme, ils doivent nécessairement s’unifier au risque de perdre le pouvoir d’Etat s’ils choisissent au contraire de se diviser. Autrement dit, ils doivent constituer un bloc libéral pour se donner des chances de remporter la majorité des suffrages dans la concurrence électorale. Le programme et le projet de société poursuivis, déterminent le choix des moyens pour y parvenir. La création du parti unifié est un impératif pragmatique de la raison pratique qui s’impose aux volontés individuelles et aux intérêts particuliers partisans.
En Allemagne, cette appréciation rationnelle et pragmatique de la situation politique avait conduit les chefs du parti libéral CSU/CDU et ceux du parti social-démocrate SPD à adopter un accord de Grande coalition (Grosse Koalition) face à la concurrence des blocs identitaires qui avaient le vent en poupe en raison du contexte historique particulier. (Cf. « Les similitudes des problématiques de la coalition PDCI/RDR en Côte d’Ivoire et de la coalition CDU/SPD en Allemagne», cedea.net. 14 janvier 2018 ; « La problématique des coalitions ivoiriennes éclairée par celle des coalitions allemandes », cedea.net. 05 décembre 2017). Cet accord politique fut motivé par l’intention de passer des compromis afin de sauvegarder l’intérêt général du pays qui transcende toujours les intérêts partisans. Il fut aussi motivé par la volonté de répondre aux demandes des électorats respectifs de cette coalition, à travers un programme politique et économique qui donne une égale priorité à l’investissement et à la redistribution des produits de la croissance.
Si l’on suppose que l’accord de création du parti unifié soit motivé, comme il se doit, par une conviction houphouëtiste également partagée, l’on peut a priori en déduire que ce bloc libéral RHDP qui existe déjà formellement verra nécessairement le jour. Il résultera de la décision politique qui lui a formellement donné naissance en considérant rationnellement la situation et en projetant ses fins.
Aux yeux de ses auteurs, le Parti unifié est, au plan national, la garantie politique institutionnelle de la paix sociale et de la stabilité politique, de la sauvegarde de l’intérêt général et du Bien commun en Côte d’Ivoire. Il est aussi, au plan des objectifs partisans, l’outil du programme houphouëtiste partagé par les diverses parties prenantes du RHDP. Combinaison de l’unité de gestion et de la diversité sociale, alliance des cultures locales et de la rationalité économique libérale, l’houphouëtisme œuvre toujours à l’inclusion de la diversité et à l’émancipation individuelle et collective. Il est donc possible de tirer les leçons de l’avènement potentiel du Parti unifié qui transforme le jeu politique ivoirien aussi bien dans la forme que le fond. (A suivre)
Source : Cedea.net
