Révision de la liste électorale : « Une partie de l’opposition appelle au boycott de l’opération

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La Coalition de l’Opposition dénommée ‘’Ensemble pour la démocratie et la Souveraineté’’ (Eds), dans une déclaration rejette du revers de la main la révision de la liste électorale annoncée pour se tenir du 18 au 24 juin prochain.

Cette coalition composée par des partisans de l’ex-président Laurent Gbagbo, appelle au boycott de l’opération électorale conduite par l’actuelle Commission électorale indépendante dont elle récuse toute crédibilité. Voici sa déclaration.

Les élections justes et transparentes sont la clé de voûte de l’enracinement de la démocratie et de la paix dans les jeunes Etats comme le nôtre. Lorsqu’elles sont inclusives et transparentes, les élections permettent de doter nos Etats, d’institutions fortes, crédibles et légitimes. En revanche, lorsqu’elles sont entachées d’irrégularités et organisées dans un contexte de suspicion généralisée, ces élections deviennent porteuses de conflits de tous ordres et hypothèquent dangereusement l’avenir de toute une nation.

A notre grand étonnement, une fois de plus c’est par le communiqué du

Conseil des ministres du mercredi 16 mai 2018 que le gouvernement, après, dit –il, avoir été saisi par la commission en charge des élections, a annoncé la révision de la liste électorale prévue pour la période du 15 au 24 juin 2018. Cette opération électorale, selon les termes dudit communiqué, concerne toute la population en âge de voter, et sera conduite par la Commission Electorale Indépendante. Or, du fait du déséquilibre notoire et de l’inféodation inacceptable de l’actuelle CEI au pouvoir, l’Etat de Côte d’Ivoire a été condamné par la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples qui, à travers un arrêt, a ordonné aux autorités ivoiriennes de  « modifier dans un délai de 12 mois à compter du 18 novembre 2016, la loi n°2014-335 du 18 juin 2014 relative à la Commission Electorale Indépendante pour la rendre conforme aux engagements internationaux du pays » au motif peu honorable pour notre pays que par cette CEI, l’État de Côte d’Ivoire “ a violé son obligation de protéger le droit des citoyens de participer librement à la direction des affaires publiques de leurs pays, garanti par l’article 13(1) et (2) de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples ». Vous constatez avec nous que le délai imparti à l’Etat pour s’exécuter est écoulé depuis le 17 novembre 2017.

L’actuelle CEI est plus que jamais illégale et illégitime. Il s’en suit qu’elle n’est plus habilitée et qualifiée pour conduire quelque opération électorale que ce soit dans notre pays.

Oui, Mesdames, Messieurs, la CEI actuelle est disqualifiée et tous les actes qu’elle pose et posera sont entachés de suspicion légitime et susceptible, à juste titre de contestation. En d’autres termes ils sont nuls et de nul effet. C’est pour aider l’Etat de Côte d’Ivoire à sortir de cette illégalité à travers les actes que pose la CEI que nous avions appelé, avec insistance, les tenants actuels du pouvoir à des discussions inclusives avec l’ensemble des acteurs politiques et les membres des organisations de la société civile, dès l’annonce des sénatoriales passées. Nous avons même été contraints d’user de manifestations publiques démocratiques et pacifiques dont le meeting du samedi 17 mars 2018 à la Place CP1 de Yopougon et la mémorable marche de protestation, du jeudi 22 mars 2018 violemment réprimée avant même le début de son déroulement, pour faire entendre notre voix. Mais en vain. …

Au dialogue que nous préconisions les dirigeants actuels nous ont opposé, comme ils en ont l’habitude, la répression, les arrestations et les emprisonnements… Malgré tout, nous continuons de sensibiliser les chancelleries occidentales et africaines en Côte d’Ivoire et certaines institutions d’aide au développement afin qu’elles œuvrent, par les voies qui leur sont propres, à convaincre le pouvoir actuel de l’impérieuse nécessité de la réforme de la CEI qui doit devenir réellement indépendante et impartiale afin de préserver la Paix et garantir aux Ivoiriens des élections justes, libres, transparentes, inclusives et démocratiques.

Pour bien montrer que cette bataille pour la réforme de la CEI n’est pas exclusivement celle de la classe politique mais de tous les citoyens ivoiriens qui ont le droit et le devoir de choisir librement et sans contrainte, leurs représentants, nous avons réussi à mutualiser nos efforts avec ceux de la majorité des organisations de la société civile regroupées au sein d’une plate-forme dénommée le GPATE (Groupe de Plaidoyer et d’Action pour la Transparence des Elections), plate-forme qui a entamé elle aussi des plaidoyers auprès des institutions nationales et internationales en vue de la réforme du cadre institutionnel et juridique des élections en Côte d’Ivoire. C’est donc dans un contexte où tous les partis politiques de l’opposition, toutes les personnes de bonne volonté et la quasi-totalité des organisations de la société civile sont unanimes pour réclamer la réforme de cette commission, que les gouvernants actuels décident unilatéralement de la maintenir en l’état et, comble de mépris, avec à sa tête le très contesté et controversé Monsieur Youssouf BAKAYOKO, en lui confiant à nouveau les opérations électorales à venir.

La Côte d’Ivoire appartient à tous ses fils et toutes ses filles que nous sommes. Son avenir et sa stabilité sont donc l’affaire de tous, acteurs politiques, société civile, et population. EDS comprend difficilement que le gouvernement rejette avec autant de suffisance et de dédain l’appel de l’opposition, de la société civile et de la Cour africaine des peuples et des droits de l’Homme à la mise en place d’un organe électoral et consensuel. Une réforme qui tombe sous le coup du bon sens et dont la mise en œuvre garantirait à notre pays des élections justes, transparentes et crédibles, gage d’une alternance démocratique et pacifique.

EDS, prenant à témoin la communauté internationale, notamment l’Union Africaine, dont la haute juridiction chargée des droits de l’Homme a rendu un arrêt sans équivoque, appelle à nouveau les tenants actuels du pouvoir à se ressaisir et à sortir de la logique de la prise en otage de la démocratie et du passage en force pour s’inscrire avec courage et responsabilité dans un vrai dialogue politique, dans l’intérêt supérieur de la Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire mérite de sortir définitivement de la spirale de la violence et des conflits post électoraux

Les Ivoiriens aspirent profondément à la Paix, non pas la Paix par la terreur et la force des armes, mais la Paix des cœurs et des esprits préalable à tout développement harmonieux de leur pays. L’opposition ivoirienne rassemblée au sein de EDS entend jouer sa partition pour la Paix   avec fermeté, conviction et détermination. EDS sera toujours aux cotés des Ivoiriens et agira toujours, car telle est sa vocation, en faveur et pour le bonheur du vaillant peuple de Côte d’Ivoire. Ce peuple ivoirien que le combat du Président Laurent GBAGBO, le Père du multipartisme et de la Démocratie dans notre pays a fait rentrer dans l’Espérance d’un avenir meilleur et qui plus que jamais a les yeux tournés vers EDS en lui accordant toute sa confiance. Nous n’avons pas le droit de le décevoir et nous ne le décevrons pas.

C’est pourquoi, nous appelons tous les Ivoiriens, épris de paix de justice de liberté et de démocratie à s’abstenir de prendre part, de quelque manière que ce soit, à ces opérations d’enrôlement à laquelle une institution illégale et illégitime les appelle. Nous restons convaincus et nous les assurons que la vraie opération d’enrôlement et toutes les autres opérations électorales interviendront dès que le cadre institutionnel et juridique des élections en Côte d’Ivoire sera reformé. Croyez-moi il le sera. Nous ne reculerons devant aucun sacrifice pour la Paix en Côte d’Ivoire. Je lance donc un appel solennel à toute la classe politique, aux organisations de la société civile et à toutes les forces vives de la Nation, au rassemblement et à la mobilisation pour mener avec nous et gagner avec nous, la bataille de la réforme en profondeur, et consensuelle de la CEI et de tout le processus électoral, pour des élections, facteur de réconciliation et de Paix véritable et durable dans notre pays. Que DIEU qui est Amour, Justice et Vérité nous y aide et bénisse la Côte d’Ivoire notre patrimoine commun. Je vous remercie.

Pr. Georges-Armand OUEGNIN

Président de EDS

Auteur : Cheick Diawara

Source : Lementor.net

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