L’Hippodrome a refermé ses portes, restent les leçons d’une course époustouflante. Du12ème congrès du pdci, l’on retiendra l’adhésion populaire dont bénéficie, à 79 ans, le sphinx de Daoukro. Les militants l’ayant plébiscité à plus de 93% de voix. mais Henri Konan Bédié doit l’éclat de sa victoire à la cavalcade de ses adversaires, marquée par des fautes politiques retentissantes. De prime abord, ses deux challengers, Djédjé mady et de Konan Kouadio Bertin dit kkb, ont donné le sentiment que leurs candidatures ont été improvisées et qu’ils n’ont pas vraiment mûri leurs ambitions d’être candidats pour le contrôle du parti. C’est tout juste si on ne dirait pas qu’ils ont agi par frustration ou sur un coup de colère. Il s’en est suivi qu’ils ont péché sur le front de l’argumentaire. Le camp mady et kb n’a pas présenté de critiques sérieuses, objectives ou idéologiques, de nature à ébranler la gestion du président sortant. S’ils ont profité de la toile, c’était seulement pour mettre en évidence une unique critique : l’âge de leur adversaire. Trop vieux, à leurs yeux, dans un parti qui a 67 ans d’âge. Ils brandissent les statuts du pdci fixant l’âge limite à 75 ans, mais l’argumentaire avait peu de chance de prendre, quand on sait que les textes sont modifiables par le congrès, souverain en la matière. Le débat aurait pu prospérer sur le plan moral, mais pas sur celui du droit stricto sensu. Encore les trois candidats ne parlent pas d’une même voix. Au lendemain de la création de l’Alliance pour le renouveau démocratique (Ard pdci),le jeudi 29 Août, entre Kkb, mady et Kouassi yao (ancien secrétaire à la présidence qui s’était également déclaré candidat contre Bédié), l’on s’attend, en effet, à un « cheval de troie ». L’Ard fait croire à certains qu’une sorte de « Rdhp» contre Bédié est en cours. C’est le contraire qui se produit. Les trois mousquetaires cavalent en solitaire. Kkb fait des irruptions dans la région du sud Comoé qui lui semble favorable. Le « général» mady sillonne sa région du nawa, à l’ouest, son bastion présumé. Peut être, les trois auraient ils tenu des meetings ensemble, scandé le même discours devant les militants, que leur cause aurait eu un meilleur écho et ébranler, un tant soi peu, les pro Bédié. Il n’en fut rien. A l’intérieur ou à Abidjan, chacun y va des ses tournées. Dans les discours, les sons ne s’accordent pas non plus. Le candidat Kouassi Yao dit ne pas vouloir d’une « disqualification de Bédié ». Il ne veut pas d’une guerre sur la base «arguties juridiques». C’est pourtant là, tout le fonds de commerce des autres qui parlent « d’inéligibilité de Bédié selon les statuts». L’on a l’impression d’avoir affaire à une alliance contre nature, doublée d’un manque de confiance entre les alliés. C’est comme s’ils n’étaient même pas issus du même parti. sans surprise, l’un des trois se désiste pratiquement, le 6octobre, jour de la réception de candidatures, n’ayant pas rempli la condition des 18 millions de caution imposés aux candidats. Déjà en difficulté, sauf à ne pas l’avoir perçue, le secrétaire général sortant Djédjé mady et le président de Jeunes sortant kkb auront commis l’erreur fatale : celle de traduire leur propre formation politique devant les tribunaux. Même en dehors du vieux parti, nombreux sont les hommes politiques qui s’en sont étonnés. Inédit. Quelle affaire !Cela s’appelle planter un poignard dans le sein de sa propre mère. Voulant apparaitre comme des martyrs, ils venaient de renverser le couvercle contre eux mêmes. Résultat :Lorsque Bédié franchit le parc des sports, le 3 octobre à l’ouverture du congrès, c’est lui qui est vu comme le martyr. et le héros. A la limite, le camp mady et Kkb aurait pu intenter un procès après le congrès. Traduire le pdci devant le juge, à la veille même du congrès, fut compris par beaucoup de militants comme le signe que les auteurs manquaient de maturité politique et qu’ils faisaient, là, la preuve de ne pas bien connaitre le parti, comme des gens venus d’ailleurs. Kkb et mady ne font rien pour arranger les choses. Ils se présentent au congrès comme « des touaregs ». kkb arrive en costume cravate. Mady s’annonce dans une tenue aux couleurs du pdci, mais pas dans la tenue du congrès. Tous deux se distinguent comme des étrangers dans leur propre famille. Cette posture de rebelle collera à leur campagne. Ils sont distants, ne vont pas là où les autres déjeunent, ne trouvent pas utile, avant le vote, de faire le tour des délégations, alors que rien ne l’interdisait aux militants qu’ils sont. Curieusement, c’est leur rival Bédié, qui descend de son statut pour faire le tour des 157 délégations communales et départementales. Cinq fautes, ça fait déjà trop. Les urnes ayant dit leur vérité, le vainqueur Bédié leur ayant tendu la main, il restait aux deux candidats malheureux de sortir par la grande porte, en acceptant la main tendue, voire en félicitant l’élu. Il n’en fut rien, encore une fois. Mal entrés dans le jeu, ayant commis de multiples erreurs de jeu, mady et Kkb semblent avoir choisi de sortir de la compétition par la porte dérobée du parc des sports. Reste à savoir : ce qu’ils vont faire maintenant de leur carrière.
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